GHIBERTI LORENZO (1378 ou 1381-1455)

La porte du Paradis

Immédiatement après l'achèvement de la porte nord, dès le début de l'année 1425, l'Arte di Calimala commanda à Ghiberti la réalisation d'une seconde porte. Le programme iconographique initial, consacré à l'Ancien Testament, rédigé par l'humaniste Leonardo Bruni, prévoyait une répartition en vingt-huit panneaux, sur le modèle des deux portes précédentes, qui furent ramenés par la suite à dix panneaux de plus grandes dimensions, en bronze doré. L'iconographie est liée aux événements politiques et religieux de l'époque. Par exemple, la Rencontre de Salomon et de la reine de Saba rappelle le succès de la seigneurie florentine qui réussit à faire converger les vues des Églises d'Orient et d'Occident lors du concile de Florence en 1439.

L'atelier de Ghiberti, qui s'occupa de ce chantier durant près de vingt-cinq années, connut de nombreux changements : Michelozzo l'abandonna en 1429 pour aller chez Donatello, mais il travailla à nouveau aux portes en 1442. Deux années plus tard, Benozzo Gozzoli entra dans l'atelier de Ghiberti où il resta trois ans. En 1451, c'est l'orfèvre Bernardo di Bartolomeo Cennini qui les rejoignit. Bref, si l'ensemble de ce travail fut réalisé sous la seule responsabilité de Lorenzo Ghiberti, il faut considérer la durée de l'entreprise et la diversité des personnalités artistiques y ayant participé avant de porter tout jugement stylistique.

Il n'en reste pas moins que cette œuvre constitue la plus grande innovation du début de la Renaissance en matière de bas-relief. Dans ses Commentaires, Ghiberti déclare « avoir mis dans certaines histoires environ une centaine de figures, parfois plus, parfois moins. [...] Il y eut dix histoires, toutes insérées dans des architectures dessinées en perspective de telle façon que, lorsque l'on s'en éloigne, elles apparaissent en relief ». Il introduisit dans la sculpture les principales nouveautés de la théorie de la peinture et parvint à développer dans ce but les possibilités spécifiques de son médium. Le calcul des ombres portées fondé sur les règles de la perspective est à cet égard très révélateur.

Cette porte est traditionnellement dite « du Paradis », car elle est placée sur la façade est du baptistère, face à l'entrée du Duomo, dénomination définitivement adoptée après que Vasari eut attribué à Michel-Ange l'opinion que ces portes « sont si belles qu'elles iraient bien à la porte du Paradis ».

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Pascal DUBOURG-GLATIGNY, « GHIBERTI LORENZO (1378 ou 1381-1455) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

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<it>L'Histoire de Noé</it>, L. Ghiberti

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L'Histoire de Noé, L. Ghiberti

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<it>Saint Jean-Baptiste</it> de Lorenzo Ghiberti

Saint Jean-Baptiste de Lorenzo Ghiberti

Saint Jean-Baptiste de Lorenzo Ghiberti

Lorenzo Ghiberti, Saint Jean-Baptiste, 1414-1416, bronze. Niche extérieure d'Or' San Michele,…

Autres références

  • ART (L'art et son objet) - Le faux en art

    • Écrit par Germain BAZIN
    • 36 926 mots
    [...]époque ; on connaît les fausses médailles que possédait le duc de Berry, qui fut le premier des grands amateurs. Au xv e siècle, le sculpteur florentin Ghiberti fabrique des monnaies à la manière antique, mais sans intention dolosive, et la production de petits bronzes antiquisants commence à la fin[...]
  • BRUNELLESCHI FILIPPO (1377-1446)

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    • 11 807 mots
    • 6 médias
    [...]il participa au concours pour la seconde porte du baptistère de Florence, en réalisant un relief représentant le sacrifice d'Isaac ; jugé ex aequo avec Lorenzo Ghiberti, il renonça à la sculpture. Un voyage à Rome, probablement entre 1404 et 1409, et l'étude des monuments antiques l'orientèrent vers[...]
  • KRAUTHEIMER RICHARD (1897-1994)

    • Écrit par Jean-René GABORIT, Catherine METZGER
    • 6 311 mots

    De son propre aveu, Richard Krautheimer ne manifesta pas pour l'histoire de l'art un intérêt précoce : lorsque, à la fin de la Première Guerre mondiale, il reprit, âgé de vingt et un ans, ses études supérieures, il s'orienta vers le droit. Mais, à l'université de Munich, l'enseignement de [...]

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    [...]corporation des marchands de Florence organise un concours pour la réalisation de la seconde porte en bronze du baptistère, sur le thème du sacrifice d’Isaac. Le projet de Lorenzo Ghiberti est retenu, mais alors que la quasi-totalité des autres sont refondus pour utiliser le métal dans la fabrication de la porte,[...]
  • LE STYLE RUSTIQUE (E. Kris)

    • Écrit par François-René MARTIN
    • 5 593 mots

    Ernst Kris (1900-1957) est un des historiens les plus fascinants de l'« école viennoise » en histoire de l'art. Élève de Julius von Schlosser, Kris est nommé, à vingt ans, conservateur du département de sculptures et d'arts appliqués du musée de Vienne. Historien[...]

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