MÉDICIS LES
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Les grands-ducs de Toscane (1530-1737)
Florence une fois tombée, les Médicis s'y réinstallent sous la protection de Charles Quint. Contesté par les défenseurs de la république, leur pouvoir semble fragile. Et pourtant, après quelques années incertaines – Alexandre, le premier duc, est assassiné en 1537 par son cousin Lorenzino (le Lorenzaccio de Musset) –, Côme Ier, cousin et successeur d'Alexandre, fonde une dynastie qui, de père en fils ou en frère, durera deux cents ans exactement, portant successivement au pouvoir Côme (1537-1574), François (1574-1587), Ferdinand Ier (1587-1609), Côme II (1609-1621), Ferdinand II (1621-1670), Côme III (1670-1723) et enfin Jean-Gaston (1723-1737). Cette stabilité peut s'expliquer par les qualités des grands-ducs, celles au moins des fondateurs de la maison, Côme Ier, prince énergique et perspicace, mécène avisé, et Ferdinand Ier, bon administrateur, lui aussi ami des arts. Leurs alliances aussi consolident le pouvoir des Médicis. Les grandes-duchesses appartiennent aux plus grandes familles européennes. Les mariages de leurs filles ou de leurs sœurs sont parfois aussi brillants et même davantage ; parmi elles, deux reines de France : Catherine, sœur d'Alexandre et épouse de Henri II, et Marie, fille de François et épouse de Henri IV. Les Médicis cherchent surtout, en mariant leurs enfants, à resserrer les liens avec les principautés italiennes voisines : les Este, ducs de Ferrare, par Lucrèce et Virginie, filles de Côme Ier ; les Gonzague, ducs de Mantoue, par Éléonore, fille de François, et par Catherine, fille de Ferdinand Ier ; les Farnèse, ducs de Parme, par Marguerite, fille de Côme II ; les ducs d'Urbino. Même politique à l'égard de la papauté : à chaque génération, quelque Médicis, nommé cardinal grâce à l'appui des grands-ducs, s'emploie à orienter la politique pontificale dans le sens des intérêts de sa famille. Leur stabilité enfin s'enracine dans leur œuvre.
La formation et l'aménagement d'un État toscan
En 1530, à l'avènement d'Alexandre ; en 1537, à celui de Côme, mille soubresauts soulèvent encore la Toscane. Les communes sujettes, Pise, Arezzo, s'agitent ; des troupes d'exilés vont et viennent sur les frontières ; de nombreux citoyens sont hostiles aux nouveaux princes ; des conjurations s'organisent encore sous François. Les grands-ducs doivent en somme résoudre deux problèmes : d'une juxtaposition de villes mutuellement hostiles, forger un État ; étouffer les nostalgies républicaines. Ils s'y emploient. Ils se battent : les exilés sont écrasés à Montemurlo par Côme Ier (1538). Ils légifèrent : Côme Ier et François Ier étendent à tous leurs sujets les droits et devoirs jadis réservés aux seuls Florentins. Tous ont accès aux charges publiques. L'esprit municipal s'affaiblit. L'État toscan remplace l'État florentin. Mais cette unification, qui a le prince pour auteur, l'a aussi pour centre. Les institutions républicaines sont éliminées l'une après l'autre : la vieille seigneurie disparaît sous Alexandre, et de nouveaux rouages sont mis en place par lui et par ses successeurs. Le magistrat suprême, composé du duc, de son lieutenant, de quatre conseillers, est flanqué d'un Conseil des deux-cents, et d'un Sénat de quarante-huit membres, organes eux-mêmes mis en tutelle sous Côme Ier et coiffés par la Pratica Segreta, comité restreint présidé et dirigé par le prince. Ce même souci de promouvoir un État toscan, et pas seulement florentin, inspire les mesures économiques des grands-ducs. La Toscane tout entière est leur champ d'action.
Sur le plan agricole, ils s'attachent à mettre en valeur les vallées marécageuses encore incultes, celles, en particulier, des territoires non florentins, longtemps négligés. Les travaux sont engagés dès le règne de Côme Ier. Ils se poursuivent pendant cent ans et plus. Sont ainsi conquis, en totalité ou en partie, le Val di Chiana, au sud d'Arezzo, la Maremme, la plaine de Pise, le Val di Nievole. À mesure que ces territoires sont assainis, on les repeuple. Sur le plan commercial, des privilèges sont accordés à différentes villes comme Pise ; mais Livourne surtout en bénéficie : de François à Ferdinand II, tous les pri [...]
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Écrit par :
- Charles-Marie de LA RONCIÈRE : chargé d'enseignement à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence
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Pour citer l’article
Charles-Marie de LA RONCIÈRE, « MÉDICIS LES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 01 février 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/les-medicis/