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LA PLACE ROYALE, Pierre Corneille Fiche de lecture

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La Place Royale ou l’Amoureux extravagant est une comédie en vers en cinq actes de Pierre Corneille (1606-1684), créée au Théâtre du Marais à Paris en 1633 ou 1634, et publiée en 1637. C’est la sixième pièce du jeune dramaturge, d’abord reconnu pour sa manière originale de traiter le genre comique.

Ses comédies mettent en scène, dans un style élégant, des honnêtes gens d’« humeur enjouée », plutôt que des personnages populaires ou franchement ridicules. Ils sont engagés dans des intrigues sentimentales proches de celles que l’on rencontrait dans un genre alors florissant, la pastorale, mais, au lieu de situer ses histoires d’amour dans un cadre champêtre, Corneille leur donne un décor urbain. Il recherche même ici un effet de réel : la place Royale est l’actuelle place des Vosges, haut lieu du Paris à la mode des années 1630, avec ses galeries propices aux conversations galantes.

Un chassé-croisé amoureux

Acte I

L’intrigue et les personnages de cette comédie sont originaux, et déjà typiquement cornéliens. Angélique éprouve pour Alidor un amour absolu, Alidor l’aime en retour, et rien – inégalité de condition, opposition des parents ou encore manœuvres d’un rival – ne contrarie leurs sentiments. L’obstacle qui suscite l’action dramatique est interne à ces jeunes héros : c’est l’extravagance d’Alidor, qui met sa liberté et sa volonté au-dessus de tout, et veut s’affranchir d’un amour dont il se sent esclave. Il décide donc de se faire détester de sa bien-aimée, pour la céder à son ami Cléandre – qui aime Angélique en secret tout en feignant de soupirer pour la coquette Phylis.

Acte II

Alidor humilie Angélique en feignant, lui, d’en courtiser une autre ; mais c’est un troisième soupirant, Doraste, frère de Phylis, qui retire le bénéfice de leur rupture en s’empressant de demander Angélique en mariage.

Acte III

Piqué de la voir échapper à Cléandre, Alidor entreprend de la reconquérir, pour mieux la lui livrer. Il fait croire à Angélique qu’il l’enlèvera le soir même pour s’enfuir avec elle ; mais c’est Cléandre qui doit prendre sa place.

Acte IV

À minuit, Alidor hésite, avant de se résoudre à se défaire de celle qu’il aime. Un quiproquo fait échouer le plan : dans l’obscurité, Cléandre enlève par erreur Phylis. Angélique, éplorée, découvre la traîtrise d’Alidor.

Acte V

Au matin, la situation a pris un tour imprévu : Cléandre s’est trouvé bien avec Phylis et l’épouse ; Doraste a rompu avec Angélique, puisqu’elle projetait de le trahir ; et Alidor éprouve pour elle un regain d’amour. On s’attendrait à voir au dénouement la réconciliation d’Alidor et Angélique : mais celle-ci, désillusionnée, se retire dans un cloître. La pièce se referme sur un dernier monologue d’Alidor : délivré de son amour, il a le champ libre auprès de toutes les autres femmes, avec qui il prendra garde de ne jamais s’engager, pour rester toujours maître de se « retirer du jeu ».

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Écrit par

  • : maître de conférences en littérature française à l'université d'Avignon

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