JEUX OLYMPIQUES Le coût des Jeux
Au moment de dresser le bilan financier des Jeux de Montréal, en 1976, un douloureux constat s'impose : ceux-ci laissent un déficit abyssal : 990 millions de dollars. Les organisateurs furent certes confrontés à de lourds problèmes (grèves sur les chantiers, panique économique mondiale à la suite du premier choc pétrolier), mais il n'en reste pas moins que la Ville de Montréal a accumulé une dette colossale que les contribuables mettront trente ans à rembourser. Ce bilan financier a une conséquence non négligeable pour les Jeux à venir : ainsi, pour les Jeux de 1984, une seule métropole, Los Angeles, sera candidate, et elle imposera un nouveau modèle économique (organisation des Jeux sur fonds privés).
Analyser le coût des Jeux constitue un exercice relativement complexe. En effet, chaque comité d'organisation des jeux Olympiques (C.O.J.O.) publie un bilan financier, mais ceux-ci ne sont pas homogènes : la plupart se limitent en effet aux coûts de fonctionnement (cérémonies, organisation des compétitions, transport des sportifs, centre de presse, programme culturel, etc.) ; d'autres affichent dans le bilan les frais qui reviennent soit au C.O.J.O. soit à la Ville (construction ou rénovation des infrastructures sportives, édification du village olympique, hébergement des visiteurs, aménagements pour les médias, etc.). En outre, il faut ajouter le coût de la rénovation ou de la construction d'infrastructures publiques et durables, supporté par la Ville ou l'État (réseau routier, voies ferrées, métro, aéroport parfois, rénovation urbaine). Enfin, les coûts liés à la sécurité, qui connurent une inflation à la suite de l'attentat palestinien aux Jeux de Munich en 1972, puis s'envolèrent après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, sont majoritairement pris en charge par l'État, voire par une coopération internationale (Athènes, 2004).
Mais le bilan financier des Jeux ne se limite pas aux dépenses ; comme tout bilan comptable, il inclut les recettes (billets d'entrée, droits de retransmission télévisée, merchandising olympique, etc.).
En outre, les Jeux permettent d'impulser un élan nouveau à l'économie locale, voire nationale, lequel se traduit sur le moment par des créations d'emplois, et à long terme par un gain de notoriété pour la ville (essentiellement pour les petites et moyennes agglomérations, donc surtout pour les Jeux d'hiver), ce qui peut avoir un impact favorable sur le tourisme, voire sur les investissements locaux ou étrangers. Et, quand la rénovation urbaine engagée pour les Jeux est bien pensée (Barcelone, 1992 ; Sydney, 2000 ; Londres, 2012), elle constitue un héritage non négligeable.
Surtout, les Jeux, qui associent unité de lieu, unité de temps (deux semaines tous les deux ans) et unité d'action (les épreuves sont connues de tous), apportent à une ville, une région, un pays, qui deviennent pour un moment le centre médiatique du monde, une valorisation incomparable, dont les retombées positives sont difficiles à quantifier.
Des dépenses exponentielles
Le déficit laissé à la Ville de Montréal par les Jeux met pour la première fois en lumière le fait qu'accueillir les jeux Olympiques peut s'avérer une entreprise aux conséquences financières dramatiques. Pourtant, de tout temps, les cités n'ont jamais lésiné à la dépense pour organiser avec éclat les compétitions olympiques. Ainsi, dès la première édition, à Athènes, en 1896, les Jeux ne peuvent se tenir que grâce à la générosité d'un mécène, Georgios Averoff, qui offre 1 million de drachmes pour financer la rénovation du stade Panathénaïque et couvrir une partie des dépenses courantes. En 1920, au sortir de la Grande Guerre, Anvers réussit à mener à bien son projet olympique grâce à une garantie de 1 million de francs fournie par[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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Pour citer cet article
Pierre LAGRUE, « JEUX OLYMPIQUES - Le coût des Jeux », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :