ITALIELangue et littérature
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Esthétique de la langue
L'italien, mythe ou langue morte
Le premier modèle
Le mythe de la langue italienne est né avec Dante. Dans ce véritable traité universel sur la langue et le style qu'est le De vulgari eloquentia (1308), après avoir passé en revue les différents dialectes de la « langue de si » (c'est-à-dire de l'Italie), il proclame qu'il n'a trouvé nulle part l'« odorante panthère » des bestiaires du Moyen Âge qu'il poursuivait : tous, y compris son florentin natal, ont leurs imperfections. Alors, « ressaisissant ses épieux de chasse » et considérant qu'« en toute espèce de choses il y en a une à la mesure de laquelle toutes les autres doivent être rapportées (par exemple, quand on veut compter, toutes choses se mesurent d'après l'unité) », il pense avoir enfin capté l'insaisissable fauve, « ce vulgaire qui en chaque ville exhale son odeur et en aucune n'a son gîte » (I, xvi, 2). À cette langue, il décerne les attributs d'illustre, cardinale, royale et courtoise.
Or ce « vulgaire illustre » exalté par Dante n'est pas un idiome comme les autres, une langue parlée par un peuple, illustrée par des œuvres : c'est une essence au sens aristotélicien et médiéval du terme. Créée pour et par les poètes, grâce à l'application de certaines règles d'or d'harmonie, d'euphonie et d'ordre, à partir du dialecte maternel que chaque homme apprend spontanément de la bouche de sa nourrice, théoriquement une, mais pratiquement multiple, elle regroupe, sans aucune considération des disparités morphologiques ou phonétiques, les beautés éparses dans les dialectes « sicilien, lombard, romagnol, des Pouilles, de l'une et l'autre Marche « : elle est un style en plusieurs langues.
La querelle de la langue
À l'Alighieri, deux siècles plus tard, Machiavel, plus attentif que son illustre devancier aux traits morphologiques et phonétiques, répond en lui montrant que l'italien ne saurait être la langue imaginaire dont il rêve, mais celle qu'il a pratiquée et portée au plus haut point d'excellence, c'est-à-dire le florentin, enrichi par les apports étra [...]
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Écrit par :
- Dominique FERNANDEZ : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'italien, docteur ès lettres
- Pierre LAROCHE : professeur agrégé, maitre assistant d'italien à l'université de Paris-III
- Angélique LEVI : ingénieur de recherche en littérature générale et comparée à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, traductrice
- Jean-Paul MANGANARO : professeur des Universités
- Philippe RENARD : professeur, directeur du département d'italien à l'université de Strasbourg-II
- Jean-Noël SCHIFANO : traducteur, écrivain
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Pour citer l’article
Dominique FERNANDEZ, Pierre LAROCHE, Angélique LEVI, Jean-Paul MANGANARO, Philippe RENARD, Jean-Noël SCHIFANO, « ITALIE - Langue et littérature », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/italie-langue-et-litterature/