INTERACTIONS (physique) Interaction électrofaible

La première manifestation de l'interaction nucléaire faible qu'on a observée est la désintégration β de certains noyaux atomiques. Cette transmutation d'un élément vers un autre provient de la transformation d'un neutron en un proton avec émission d'un électron et d'un antineutrino. La radioactivité β+ est une réaction très semblable où un noyau se désintègre en émettant un positon et un neutrino. Il fallut des décennies de recherches pour que ces phénomènes de transmutation soient compris comme le résultat d'une force fondamentale qui agit au niveau des quarks, des électrons et des neutrinos. Tout laisse à penser que l'interaction faible déclenche le processus de nucléosynthèse stellaire, qui est à l'origine de la fabrication d'énergie par les étoiles, et en particulier par le Soleil. Elle provoque en effet la fusion de deux protons en un noyau de deutérium, avec émission d'un positon et d'un neutrino, processus qui est le premier maillon de la longue chaîne des réactions nucléaires qui ont lieu dans les plasmas à haute température au cœur des étoiles. L'extrême petitesse de l'intensité de l'interaction faible permet que les étoiles ne brûlent pas leur combustible en un bref instant, et est donc la cause principale de leur durée de vie. Considérée du point de vue de l'espèce humaine, l'interaction faible est donc le régulateur des conditions physiques de notre environnement et le modérateur essentiel des processus nucléaires sources de l'énergie solaire.

Bien qu'à l'exception des photons et des gluons toutes les particules élémentaires soient soumises aux effets de l'interaction faible, il faut distinguer les neutrinos pour le rôle essentiel que l'étude de ces particules a joué dans les progrès de sa compréhension. Dépourvus de charge électrique et de charge de couleur, les neutrinos sont insensibles aux interactions électromagnétiques et fortes et leur présence signe donc l'action des interactions faibles. C'est en décembre 1930 que Wolfgang Pauli suggéra leur existence pour donner une explication simple de certaines anomalies apparaissant dans la radioactivité β et en particulier le spectre continu des électrons émis. La détection des neutrinos est tellement difficile qu'il fallut attendre vingt-six ans pour que les expériences de Clyde Cowan et Frederick Reines auprès des réacteurs nucléaires les mettent en évidence.

La théorie de Fermi

Enrico Fermi

Enrico Fermi

Enrico Fermi

Enrico Fermi (1901-1954), physicien italien émigré aux États-Unis, s'orienta dès 1932 vers la…

En 1933, Enrico Fermi propose une première théorie des interactions faibles. Il met alors en œuvre la théorie quantique des champs, c'est-à-dire qu'il considère, comme Dirac l'a proposé pour l'électromagnétisme, un formalisme où un processus est décrit par l'action d'opérateurs de création ou d'annihilation de champs. Il associe à chaque transition d'un neutron vers un proton la création d'un électron et d'un neutrino. Comme un courant électromagnétique peut faire apparaître une paire électron-positon, un courant faible se matérialise en un électron et un antineutrino. Cette théorie a le grand mérite de montrer l'universalité d'un certain nombre de phénomènes de désintégrations de particules et de noyaux en les analysant comme les conséquences d'un même mécanisme sous-jacent. Mais elle n'est pas mathématiquement cohérente dans le sens qu'elle ne permet pas de calculer par approximations successives les grandeurs observables.

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Les Américains d'origine chinoise Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee reçoivent, en 1957, le prix Nobel…

En 1956, des données fournies par l'accélérateur de particules de Brookhaven, près de New York, semblent inexplicables. Deux jeunes théoriciens, Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee, montrent que le mystère se dissipe si l'interaction faible, contrairement à toutes les autres forces de la nature, ne respecte pas la symétrie de parité, aussi[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Bernard PIRE, « INTERACTIONS (physique) - Interaction électrofaible », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Enrico Fermi

Enrico Fermi

Enrico Fermi

Enrico Fermi (1901-1954), physicien italien émigré aux États-Unis, s'orienta dès 1932 vers la…

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee

Les Américains d'origine chinoise Chen-Ning Yang et Tsung-Dao Lee reçoivent, en 1957, le prix Nobel…

Abdus Salam

Abdus Salam

Abdus Salam

Le Pakistanais Abdus Salam (1926-1996) a partagé le prix Nobel de physique, en 1979, avec les…

Autres références

  • INTERACTION (physique)

    • Écrit par Étienne KLEIN
    • 1 683 mots

    Dans la nature, les objets sont soumis à toutes sortes de forces qui s'exercent à distance. Ainsi, par exemple, deux masses s'attirent, deux charges électriques s'attirent ou se repoussent suivant leur signe. Les objets ont une action l'un sur l'autre : ils interagissent. La conception classique de...

  • AXION

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 2 118 mots
    • 2 médias
    ...théorie, la chromodynamique quantique (QCD, pour Quantum ChromoDynamics), construite au début des années 1970 pour rendre compte des manifestations de l’interaction forte liant quarks et gluons comme éléments fondamentaux de la matière nucléaire. Pour suivre le raisonnement des physiciens théoriciens,...
  • BANDES D'ÉNERGIE THÉORIE DES

    • Écrit par Daniel CALÉCKI
    • 946 mots

    Dans un atome isolé, les électrons se répartissent, en obéissant au principe de Pauli, entre des niveaux d'énergie bien déterminés, pratiquement sans largeur. Quand on rapproche par la pensée N atomes (avec N ∼ 1023) pour construire un solide et qu'on oublie l'interaction entre...

  • CHAMP, physique

    • Écrit par Viorel SERGIESCO
    • 847 mots

    Entité décrite par l'ensemble des valeurs d'une grandeur physique, en général à plusieurs composantes, en tous les points de l'espace. D'ordinaire, le champ dépend aussi du temps (évolution du champ). On appelle couramment « champ en un point et au temps t » la valeur...

  • CHAMPS THÉORIE DES

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 4 463 mots
    • 1 média
    ...électromagnétiques y est finie ; dans le vide, elle est égale à la célérité de la lumière. Toute action instantanée à distance y apparaît impossible, l'action d'une particule chargée sur une autre étant décomposée en trois processus : rayonnement d'un champ par une source, propagation de ce champ dans...
  • Afficher les 36 références

Voir aussi