INCENDIES

Les moyens d'extinction

Classes de feux et modes d'extinction

Les normes françaises et internationales distinguent cinq classes de feux en fonction de l'état du combustible (norme NF EN 2) : La classe A correspond aux feux de solides dont la combustion se fait normalement avec la formation de braises (bois, charbon, etc.) ; la classe B caractérise les incendies de liquides inflammables ou de solides liquéfiables ; la classe C rassemble les feux de gaz ; la classe D regroupe les incendies de métaux ; la classe F correspond aux feux d'auxiliaires de cuisson (huiles et graisses).

À chaque classe de feux correspond un ou plusieurs types d'agents et de procédés d'extinction que l'on peut retrouver, par exemple, sur les étiquettes informatives des extincteurs ou dans le nom de certains produits (les poudres BC conviennent pour les feux de type B et C).

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Pour maîtriser un incendie, il faut rompre l'association des trois éléments du triangle du feu.

Cette rupture peut être réalisée selon quatre modes :

– Le refroidissement, qui consiste à absorber l'énergie calorifique émise par le foyer, a pour objectif d'abaisser la température du combustible au-dessous de la température d'inflammation afin de bloquer la distillation des gaz inflammables.

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– L'étouffement permet d'abaisser la teneur en oxygène aux alentours du foyer afin de rendre l'atmosphère incomburante. En fonction de la nature du combustible et s'il s'agit d'un feu profond (sans braise), il peut être nécessaire de réduire cette teneur au-dessous de 8 p. 100 (15 p. 100 suffisent pour la plupart des combustibles).

– L'isolement, mode d'action proche du précédent, sépare « physiquement » les gaz de distillation par rapport à l'oxygène de l'air. L'agent extincteur forme donc une couche isolant le combustible même après l'extinction.

– L'inhibition a pour rôle de bloquer la réaction chimique du feu. Une flamme est le siège d'une multitude de réactions au sein desquelles des produits éphémères apparaissent et disparaissent rapidement. Ces produits, les radicaux libres, sont « piégés » par les inhibiteurs qui les empêchent de passer à la séquence suivante. La réaction de la flamme est alors bloquée.

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Les agents extincteurs agissent sur le feu selon un ou plusieurs modes d'action. La bonne maîtrise de ces procédés permet de déterminer l'agent extincteur le plus approprié en fonction du risque à protéger, de l'environnement et des moyens de mise en œuvre.

En dehors de ces quatre modes d'extinction classiques, il existe également une technique qui consiste à faire passer le feu d'une classe à une autre pour permettre son extinction. Ainsi, pour certains feux de type D (feux de métaux), le métal est noyé dans un liquide inflammable. Le feu devient alors de classe B et est plus facile à éteindre.

Les agents extincteurs et leur mise en œuvre

À chaque mode d'extinction correspondent des agents extincteurs et des systèmes d'extinction privilégiés. On distingue plusieurs types d'agents extincteurs.

L'eau

Historiquement le premier agent extincteur est l'eau. Toutefois, celle-ci ne convient pas à tous les types de feux : en effet, elle peut se révéler dangereuse sur des feux d'huile ou de métaux. Selon la méthode d'extinction choisie, elle comportera ou non un additif. Ce dernier permet d'augmenter le pouvoir extincteur de l'eau ou d'agir par isolement en formant un film ou une mousse. Plusieurs types d'additifs existent sur le marché. Les plus connus sont les agents formant un film flottant (A.F.F.F.) qui sont efficaces sur les feux de liquides inflammables (classe B) parce qu'ils isolent le comburant (l'air) du combustible (liquide) en se déposant sur ce dernier.

Dans les années 1950, un nouvel agent extincteur à base d'eau est apparu dans la protection des chaufferies des navires : il s'agit du brouillard d'eau. Ce dernier agit à la fois par refroidissement et par étouffement et peut être utilisé sur certains feux de classe A, B, C et F, selon l'étude conceptuelle effectuée.

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L'histoire des agents extincteurs est liée à l'histoire des systèmes d'extinction. L'extincteur, qui est le système le plus connu, a d'abord été une sorte de grenade en verre remplie d'eau que l'on jetait sur le foyer pour l'éteindre. Cette grenade a subsisté jusque dans les années 1970 où elle a été peu à peu remplacée par les extincteurs à eau actuels dont le fonctionnement repose sur une pompe ou une cartouche de gaz.

Les systèmes d'extinction automatique à eau de type sprinkleur (arrosoir muni d'une ampoule d'alcool) sont plus anciens qu'on ne le croit. Le premier modèle opérationnel a été réalisé en 1723 et était constitué d'un tonneau d'eau et d'une charge de poudre. Les systèmes ont beaucoup évolué depuis lors : certains sont munis de fusibles thermosensibles, d'autres d'ampoules thermiques d'alcool, d'autres encore sont asservis au système de détection d'incendie. Ce type d'installation est relativement efficace et fournit une extinction rapide grâce au déluge d'eau mis en œuvre.

La mousse

Comparativement, l'emploi de la mousse comme agent extincteur est beaucoup plus récent puisqu'il ne date que du début du xxe siècle. Les Américains furent les premiers à l'utiliser durant la Première Guerre mondiale. Il existe également des systèmes d'extinction automatique à mousse. Cette dernière est formée par un additif et un mélange d'air et d'eau. Il s'agit alors de générateurs qui noient le local sous une mousse qui va isoler le comburant du combustible.

Les poudres

Les propriétés de certaines poudres ignifugeantes ou retardatrices ont été mises en évidence dès le début du xixe siècle. Ces produits sont d'ailleurs utilisés dans les mines pour prévenir les coups de grisou et stopper la déflagration. C'est encore pendant la Première Guerre mondiale, mais cette fois-ci du côté allemand, que la poudre fut utilisée pour la première fois comme agent extincteur, en agissant par inhibition de la flamme. Pendant un siècle, les recherches vont porter sur la formulation et les moyens de rendre le mélange fluide. Très vite, la poudre est projetée avec du dioxyde de carbone. Il existe principalement trois types de poudres : les poudres ABC polyvalentes (faisant référence aux feux de classes A, B et C), composées de sulfates et phosphates d'ammonium ; les poudres BC, constituées de bicarbonate de sodium et de potassium, de chlorures et sulfates de potassium ; les poudres spéciales (poudre D) pour les feux de métaux (classe D).

Les gaz

En extinction, on distingue les gaz inhibiteurs, c'est-à-dire ceux qui vont agir sur la réaction chimique du feu, et les gaz inertes qui, eux, vont se substituer à l'oxygène de l'air. Les premiers sont souvent des produits de synthèse tandis que les seconds sont pour la plupart des gaz naturels (dioxyde de carbone, azote, argon) ou des mélanges de ces gaz.

La plupart des gaz peuvent être utilisés en installation d'extinction automatique à gaz. Aujourd'hui, seul le dioxyde de carbone (CO2) est disponible dans les extincteurs portatifs.

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C'est en 1882 qu'un premier extincteur à CO2 a vu le jour. Le gaz est produit lors de l'utilisation de l'extincteur grâce à la réaction d'un acide sur un carbonate (d'où l'ancienne appellation d'acide carbonique pour le dioxyde de carbone). Vers 1930, les progrès techniques permettent d'envisager l'emploi de CO2 liquéfié sous pression, technique encore utilisée aujourd'hui dans les extincteurs. Dix ans plus tard, cet agent extincteur commence à être employé dans des systèmes d'extinction automatiques à gaz.

De 1960 à 2004, les gaz à base d'hydrocarbures halogénés (halons) ont largement été utilisés dans les extincteurs et les installations automatiques. Mais leurs effets néfastes sur la couche d'ozone ont conduit à leur interdiction et leur démantèlement. De nouveaux gaz (HFC 227 2a, FK-5-1-12 et HFC 23), plus connus sous leur appellation commerciale (FM 200, Novec 1230 ou FE 13), ont alors fait leur apparition.

Les gaz sont aussi également utilisés en prévention : inertage (l'oxygène d'un volume est maintenu au-dessous de la valeur d'inflammation) ou purge (qui consiste à chasser d'un réservoir l'air ou les vapeurs combustibles afin de créer une atmosphère sans risque lors du remplissage ou avant une opération de maintenance).

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Écrit par

  • : lieutenant-colonel sapeur-pompier, titulaire d'un master 2 de droit de la sécurité civile, expert près la cour d'appel et juridictions administratives de Lyon
  • : gérant de C.N.P.P. Entreprise
  • : rédacteur technique

Classification

Média

Incendies en Grèce - crédits : ESA

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  • ADAIR RED (1915-2004)

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    Spécialiste américain de l'extinction des incendies dans les installations pétrolières. Fils de forgeron, Paul « Red » Adair a exercé divers métiers avant d'être embauché par la Otis Pressure Control Company en 1938, pour s'occuper du contrôle de la pression des puits de pétrole. Remarqué par...

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