HOMÉOSTASIE
Homéostasie et comportement
L'organisme est un système qui ne trouve son équilibre dynamique que grâce à son ouverture sur le monde extérieur, c'est-à-dire grâce à sa vie de relation qui intègre fonctions nerveuses et fonctions endocriniennes.
Les glandes endocriniennes périphériques, stimulées à chaque instant par des stimulines hypophysaires, sécrètent diverses hormones dont le taux décide de l'activité des récepteurs et agit par rétroaction négative pour bloquer le taux des stimulines hypophysaires correspondantes.
De la même manière, les divers étages du système nerveux végétatif sont coiffés par un système diencéphalo- limbique dont l'activité apparaît de manière évidente après ablation du manteau cortical (Goltz, W. B. Cannon), ou par excitation directe de certaines zones (J. P. Karplus et A. Kreidl ; W. R. Hess). L'activité de ce système se marque par l'extériorisation de comportement (la sham-rage de Cannon : paroxysme émotif artificiellement induit, comportement alimentaire, sexuel, etc.), et la mise en action de certains axes endocriniens (alors que l'excitation directe de l'hypophyse est sans résultat).
En réalité, la communication entre le système nerveux diencéphalo-limbique et le système hypophyse-glandes endocrines périphériques est beaucoup plus étroite et plus ambiguë. De très nombreux faits indiquent que le système nerveux est intimement lié au système glandulaire : l'existence d'un système de relations vasculaires dans le sens hypothalamus-hypophyse ; les résultats des expériences de transplantation hypophysaire ; l'extraction à partir du tissu hypothalamique de véritables hormones hypophysotropes (R. Guillemin) ; la connaissance plus ancienne d'une population de cellules, nerveuses et glandulaires tout à la fois, responsables de la sécrétion d'hormone antidiurétique.
Or à chaque instant, par l'intermédiaire des afférences somesthésiques et viscérales (distension des viscères creux, mécanorécepteurs situés dans l'épaisseur de la paroi du système cardio-vasculaire, etc.), grâce à des cellules réceptrices hypothalamiques (sensibles à la température, à la pression osmotique, au pH, au taux de glucose, d'androgènes, etc.), l'ensemble hypothalamo-limbique centralise les informations venues du microcosme individuel par voie « nerveuse », c'est-à-dire rapide, et préside aux modifications nerveuses et endocriniennes qui, faisant une large part à l'autonomie des mécanismes périphériques, assurent l'homéostasie. Quand celle-ci devient impossible à maintenir en « cycle fermé », les déséquilibres enregistrés président au déclenchement des séquences comportementales – quête de nourriture, par exemple.
À l'inverse, le système hypothalamo-limbique apporte les afférences (olfactives, optiques, auditives...) du monde extérieur. Ces afférences convenablement stockées, mémorisées (rôle du système limbique et des hippocampes), vont associer le possible et le souhaitable, et conduire aux « comportements instinctifs » à partir d'un schéma initial inscrit dans l'anatomie des neurones, par le jeu des renforcements, des inhibitions et d'un véritable conditionnement opérant.
Ainsi se compose l'histoire du sujet qui, tout au long de sa vie, compare grâce à sa mémoire un comportement donné, la charge émotionnelle résultante, le résultat sur le monde extérieur ou le milieu intérieur, le comportement naissant à la jonction d'un stimulus-signe apporté par le monde extérieur, et d'une modification d'une constante du milieu intérieur qui déclenche les cascades de l'homéostasie et en fin de compte « motive » le comportement. Le cortex ne constituerait plus, alors, qu'un manteau d'inhibition (H. Cushing).
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Écrit par
- Jack BAILLET : professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris
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