HÉRÉSIE
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Diversité des hérésies
Les hérésies ont joué un rôle considérable dans l'Antiquité tardive et au Moyen Âge. En un temps où toute la société était marquée par la religion, les innovations doctrinales pouvaient exprimer les aspirations les plus fondamentales et elles avaient ainsi, inéluctablement, des conséquences politiques. Sans reprendre un schéma simpliste qui réduirait toutes ces mutations au jeu de facteurs sociaux, on est obligé d'admettre leur influence pour comprendre la puissance des hérésies et leurs effets. Dès l'Antiquité, la crise donatiste, qui secoue l'Afrique du Nord, a tous les traits d'un mouvement socio-religieux.
Au Moyen Âge, certains courants hétérodoxes, d'origine populaire, sont même, à leur racine, l'expression d'un ressentiment social, tels ceux qui se manifestent à partir de l'an mil. Nombre d'hérésies veulent réformer l'Église et le monde dans le sens de la pauvreté et de la pureté et produisent des utopies qui mobilisent les énergies, ainsi le joachimisme en Italie et dans les provinces occitanes de la France. La réaction de l'Église officielle est souvent violente ; les moyens qu'elle emploie pour combattre les hérésies au xiiie siècle font de cette période l'une des plus sombres de son histoire. Il suffit de citer la croisade organisée par la papauté contre les Cathares du Languedoc et le recours à l'Inquisition et de rappeler la collusion, en cette affaire, des intérêts de l'Église et de ceux des princes. L'hérésie peut traduire aussi la rébellion d'un sentiment national autant que social : c'est le cas, après la mort de Jan Hus sur le bûcher en 1415, du hussitisme en Bohême, qui dresse les Tchèques contre l'Empereur. Il arrive même que, dans les ruptures hérétiques, les divergences doctrinales aient une part très faible par rapport aux oppositions ethniques : celles-ci l'emportent, par exemple, à l'origine des Églises orientales non orthodoxes au vie siècle.
Localisé par la tradition au pied du château, le supplice infligé le 16 mars 1244 aux cathares de Montségur a pris toute sa force symbolique lorsque s'est engagée, à partir du XVIIIe siècle, la lutte contre l'intolérance religieuse. Émile Bayard, gravure sur bois, vers 1880.
Crédits : AKG
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Écrit par :
- Alain LE BOULLUEC : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses
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ADAMITES
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AETIUS (IVe s.)
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ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)
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Disciples supposés d'un clerc qui enseignait la philosophie et la théologie à Paris, Amaury de Bène, les amauriciens, condamnés en 1209 et 1211, s'inscrivent plus exactement parmi les premiers adeptes d'un courant que l'Église condamnera plus tard sous le nom de Libre-Esprit. En 1204, le pape condamne la proposition de maître Amaury, originaire de Bène, près de Chartres, selon laquelle « tout chré […] Lire la suite
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APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES
Dans le chapitre « Les apocryphes de l'Ancien Testament » : […] Le mot grec apokrypha , dérivé du verbe kryptein , « cacher », signifiait à l'origine « choses cachées » ; il s'appliquait plus précisément aux livres « cachés » ou « secrets » de par leur contenu. Pour les juifs, l'adjectif « caché » imputé aux livres saints n'était pas péjoratif. Ils disaient « cachés », en hébreu guenûzim – de la racine ganaz , qui a donné guénizah , « cachette » adjacente à u […] Lire la suite
APOLLINAIRE DE LAODICÉE (310 env.-env. 390)
Originaire de Laodicée en Syrie, Apollinaire reçut une formation philosophique et rhétorique qui lui permit de jouer dans l'Église un rôle important comme porte-parole auprès des païens et comme théologien. Lorsqu'il fut élu à l'épiscopat en 361, l'empereur Julien commençait son œuvre de restauration religieuse et allait interdire bientôt aux chrétiens l'enseignement des lettres classiques (loi sc […] Lire la suite
ARNOLD GOTTFRIED (1666-1714)
Historien allemand qui étudie d'abord la théologie luthérienne à Wittenberg et subit fortement l'influence de Spener, donc du piétisme. Mais la morale et la sensibilité piétistes ne devaient pas suffire à Arnold : nommé professeur à l'université de Giessen en 1697, il est marqué par la pensée de Christian Thomasius, mais surtout par celle de Boehme et des disciples anglais de celui-ci. Il quitte l […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Alain LE BOULLUEC, « HÉRÉSIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 12 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/heresie/