GUYANA
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Nom officiel | République coopérative du Guyana (GY) |
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Chef de l'État | Irfaan Ali (depuis le 2 août 2020) |
Chef du gouvernement | Mark Phillips (depuis le 2 août 2020) |
Capitale | Georgetown |
Langue officielle | anglais |
Unité monétaire | dollar du Guyana (GYD) |
Population | 742 700 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 214 999 |
Le règne de Forbes Burnham
Le 17 décembre 1968, de nouvelles élections donnent au P.N.C. la majorité absolue, ce qui permet d'évincer son ancien allié, l'U.F. C'est alors qu'apparaissent les premières fraudes électorales importantes, fraudes qui ne feront que s'amplifier. Le 23 février 1970, un amendement à la Constitution substitue au gouverneur britannique un président élu par l'Assemblée. Le 19 mars, Arthur Chung, d'origine chinoise et juge à la Cour suprême, devient le premier président de la République coopérative de Guyana. La reine Élisabeth II a cessé d'être la souveraine en titre du pays. Le 16 juillet 1973, des élections législatives donnent au P.N.C. la majorité des deux tiers à l'Assemblée nationale.
En avril 1978, le P.N.C. estime qu'il faut aller vers un système présidentialiste. Aussi utilise-t-il la majorité dont il dispose à la Chambre pour modifier les procédures de révision constitutionnelle et les faire entériner par un référendum. Ce dernier est boycotté par le P.P.P., qui en a dénoncé les truquages. Le 10 juillet 1978, le gouvernement obtient 97,4 p. 100 de oui et, grâce à cette « victoire », le mandat du Parlement se trouve prolongé de deux ans. Finalement, les élections du 15 décembre 1980, toujours fort suspectes selon les observateurs, donnent officiellement 78 p. 100 des suffrages au P.N.C.
Le règne de Forbes Burnham, qui accède alors à la présidence de la République, se consolide. Vu au départ comme un « pion des Américains », ce personnage éloquent, jovial et autoritaire surprend son monde en se radicalisant au fil des ans. Il se proclame socialiste, mais à sa manière, qui n'est pas celle de Cheddi Jagan, un marxiste trop orthodoxe à son goût. En fait, pragmatisme et goût du pouvoir sont les traits caractéristiques du chef de l'État. Autour de lui se crée un véritable culte de la personnalité. Pour se maintenir coûte que coûte aux postes de commande, son parti, le P.N.C., accentue les divisions ethniques de façon caricaturale.
Parce que le P.N.C. persécute ses détracteurs et se laisse gagner par la corruption, son assise s'effrite peu à peu. À partir de 1976, à la classique opposition du P.P.P., dont les offres en vue de former une coalition sont constamment repoussées, vient s'ajouter celle de la Working People's Alliance (Alliance du peuple travailleur, W.P.A.), fondée par Walter Rodney. Cet intellectuel combatif, respecté, est assassiné en juin 1980, dans des circonstances où la responsabilité des services secrets de l'armée est engagée. De tels faits, de même que la censure imposée à la presse et le départ d'opposants allant grossir la diaspora des réfugiés, sont dénoncés par les organisations de défense des droits de l'homme.
Forbes Burnham n'en joue pas moins, sur la scène internationale, son rôle de champion du tiers-mondisme : participation active au Mouvement des non-alignés, auquel Georgetown avait adhéré en 1970, excellentes relations avec Cuba et son leader, Fidel Castro, liens étroits avec ce qui était alors le camp soviétique et la Chine, aide aux mouvements de libération en Afrique australe, appui accordé au système économique latino-américain. Peu de temps avant sa mort subite (6 août 1985), le président Burnham mettait en accusation les « intrigues impérialistes pour étrangler la Guyana ». Sans doute avait-il ressenti depuis longtemps déjà l'échec du grand projet qu'il avait nourri : alimenter, vêtir et offrir un toit à tous les habitants (feed, clothe and house to the people). En décembre 1985, lorsque Desmond Hoyte, ancien ministre du Développement économique, est « élu » président, grâce à un bourrage des urnes devenu traditionnel, le pays est ravagé par la crise économique et sociale, étranglé par la dette et soumis aux décisions du Fonds monétaire international (F.M.I.).
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Écrit par :
- Françoise BARTHELEMY : agrégée d'espagnol, professeur de classes préparatoires au lycée Lakanal
- Michel DEVÈZE : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Reims
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Pour citer l’article
Françoise BARTHELEMY, Michel DEVÈZE, « GUYANA », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/guyana/