- 1. Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
- 2. L'étrange dissolution
- 3. Un nouveau paysage électoral
- 4. Le choix d’un Premier ministre sans majorité
- 5. La valse des Premiers ministres
- 6. Tensions exacerbées dans les outre-mer
- 7. La France face au déclin de son influence internationale
- 8. Une forte incertitude économique
- 9. Deux moments forts : les jeux Olympiques et la reconstruction de Notre-Dame de Paris
FRANCE L'année politique 2024
Article modifié le
Une forte incertitude économique
Avec un taux de croissance estimé par l’INSEE à 1,1 % pour 2024, la France parvient à maintenir son activité dans un contexte de fin de cycle inflationniste – le taux d’inflation de 2024 s’établirait à 2,4 % contre 4,9 % un an plus tôt. Pour la Banque de France, le budget 2025 présenté par le gouvernement de Michel Barnier – non voté, il prévoyait de réduire drastiquement le déficit public à 5 % du PIB –, devait contribuer au maintien d’une croissance positive en 2025. En attendant le vote du budget, la croissance française dépend avant tout de la consommation des ménages et du dynamisme du commerce extérieur.
Tiré par les exportations d’énergie, le solde commercial de la France s’améliore en fin d’année (+0,3 milliard en novembre), le déficit commercial s’établissant à –7,3 milliards en novembre. Après la croissance atone de 2024, le niveau de consommation des ménages est suspendu à l’évolution des salaires – étant entendu que l’inflation devrait se maintenir sous le seuil des 2 %. Or, le pouvoir d’achat est toujours l’une des principales sources de préoccupation et d’insatisfaction des Français. Rappelons que les salaires du secteur privé ont plus faiblement augmenté en 2024 (2,7 %) qu’en 2023 (4,8 %) et que le taux d’épargne des particuliers continue de reculer, ce qui suggère que beaucoup de Français ont dû puiser dans leur épargne pour faire face au choc de l’inflation. Enfin, si la pression des taux d’intérêt tend à s’assouplir, son niveau ainsi que celui du prix du mètre carré entravent encore le marché immobilier, en particulier pour les primo-accédants. La question du pouvoir d’achat frappe particulièrement les catégories les plus modestes de la population et celles dont le secteur d’activité subit de plein fouet la concurrence internationale. Ainsi des quelque 500 000 agriculteurs français qui, fortement mobilisés à partir de janvier contre le poids de leurs charges financières et la complexité des normes auxquelles ils sont confrontés, ne voient aucune perspective d’amélioration de leur sort en fin d’année. Le 6 décembre, la signature de l’accord UE-Mercosur – contre l’avis de la France, alors privée de Premier ministre – risque de rendre les agriculteurs français encore plus vulnérables face aux produits latino-américains, non soumis aux règles européennes en matière sociale, environnementale ou de bien-être animal.
Enfin, le taux de chômage se maintient à un niveau historiquement bas (entre 7 et 7,5 %). Toutefois, plusieurs plans sociaux en cours dans l’industrie ainsi qu’une contraction de l’activité des PME-PMI font craindre une hausse du chômage en 2025, celui-ci pouvant s’établir autour de 8 %, soit un niveau supérieur à celui qui est anticipé pour l’ensemble de l’Europe. La vitalité de l’économie française reste en grande partie suspendue à la bonne santé des économies européennes, au niveau de consommation intérieure (et donc au pouvoir d’achat), mais aussi à une stabilité internationale de plus en plus mise à mal.
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Écrit par
- Martial FOUCAULT : professeur des Universités à Sciences Po Paris
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