- 1. Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
- 2. L'étrange dissolution
- 3. Un nouveau paysage électoral
- 4. Le choix d’un Premier ministre sans majorité
- 5. La valse des Premiers ministres
- 6. Tensions exacerbées dans les outre-mer
- 7. La France face au déclin de son influence internationale
- 8. Une forte incertitude économique
- 9. Deux moments forts : les jeux Olympiques et la reconstruction de Notre-Dame de Paris
FRANCE L'année politique 2024
Article modifié le
Tensions exacerbées dans les outre-mer
Parallèlement à cette situation politique instable, la France connaît plusieurs crises graves dans ses territoires et départements d’outre-mer.
Des émeutes meurtrières en Nouvelle-Calédonie
Le 14 mai, l'Assemblée nationale adopte un projet de loi constitutionnelle – approuvé par le Sénat le 2 avril – visant à élargir le corps électoral néo-calédonien, gelé depuis 1998. La réforme doit permettre aux électeurs nés sur place ou résidant sur le territoire depuis au moins dix ans d’intégrer la liste électorale spéciale pour les élections provinciales – soit environ 25 000 personnes, sur un total de 42 596 résidents qui en sont exclus jusque-là.
Dès le 13, des émeutes éclatent en Nouvelle-Calédonie. Le texte est en effet accusé par les organisations indépendantistes d’augmenter mécaniquement le poids des loyalistes aux prochaines élections provinciales, prévues pour la fin de l’année – elles seront finalement reportées à 2025. En quelques heures, des scènes de pillage et d’insurrection paralysent l’ensemble du territoire, conduisant Paris et son représentant local, le haut-commissaire de la République, à décréter l’état d’urgence, à envoyer des centaines de gendarmes et de policiers sur le territoire, et à suspendre – c’est une première en France – le réseau social TikTok, très utilisé par les plus jeunes des émeutiers. Proche du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), créée en 2023 et à l’origine de nombreuses mobilisations depuis lors, se voit qualifiée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’organisation « mafieuse » qui « commet des pillages, des meurtres » et dont il annonce assigner à résidence dix de ses dirigeants – certains seront ensuite incarcérés en métropole. Durant près de trois semaines, jusqu’à la levée de l’état d’urgence le 28 mai (avec maintien du couvre-feu), l’archipel est le théâtre d’affrontements meurtriers (quatorze morts dont deux gendarmes, selon les bilans de la fin de l’année) entre communautés kanakes et loyalistes, ainsi que de destructions massives qui mènent à une paralysie économique et à l’évacuation de ressortissants de plusieurs pays (Australie, Nouvelle-Zélande…). Selon le gouvernement calédonien, présidé par l'indépendantiste Louis Mapou, le bilan économique des émeutes est évalué à 1,2 milliard d'euros pour le secteur privé (700 entreprises privées ont été incendiées et détruites) et à 1 milliard de plus pour les infrastructures publiques (19 écoles incendiées).
Le retour au calme, en juillet 2024, reste fragile. Il ne résout pas la situation incertaine héritée de l’accord de Nouméa de 1998, qui prévoyait l’organisation de trois référendums d’autodétermination, tous remportés par les loyalistes, à 56,67 % en 2018, à 53,26 % en 2020 et à 96,5 % en 2021 – ce dernier scrutin ayant été marqué par l’appel au boycott des indépendantistes, qui avait réclamé un report en raison de la crise de la Covid-19, ainsi que par une très faible participation. Malgré ce rejet du projet d’indépendance, dans des conditions contestées par le FLNKS, le gouvernement français n’est pas parvenu à définir un agenda politique acceptable par l’ensemble des forces politiques du territoire. Le projet de loi de dégel du corps électoral a été abandonné, ce qui rend incertaines les conditions d’organisation des élections provinciales de 2025, tout comme le sont les capacités de la Nouvelle-Calédonie à enrayer l’effondrement de son économie (fin des investissements publics et privés dans la filière du nickel, chômage frôlant les 30 %...) ou à réduire les inégalités entre Kanaks et Européens.
Le soulèvement de la Martinique
Déjà confrontée à d’importants[...]
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Écrit par
- Martial FOUCAULT : professeur des Universités à Sciences Po Paris
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Médias
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