- 1. Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
- 2. L'étrange dissolution
- 3. Un nouveau paysage électoral
- 4. Le choix d’un Premier ministre sans majorité
- 5. La valse des Premiers ministres
- 6. Tensions exacerbées dans les outre-mer
- 7. La France face au déclin de son influence internationale
- 8. Une forte incertitude économique
- 9. Deux moments forts : les jeux Olympiques et la reconstruction de Notre-Dame de Paris
FRANCE L'année politique 2024
Article modifié le
La valse des Premiers ministres
Finalement, le 5 septembre, Emmanuel Macron nomme Premier ministre le LR Michel Barnier – ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, ancien commissaire européen qui a dirigé les négociations de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). LR n’ayant obtenu que 6,57 % des voix au premier tour des législatives, la gauche crie au déni démocratique. En tout cas, le RN paraît avoir pesé dans le choix de la personne, en menaçant de voter la censure d’un gouvernement dirigé par un autre LR, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France – il a battu le RN aux élections régionales de 2015 et 2021 – qui semble avoir eu un moment la faveur du président. Quant à l’hypothèse de la nomination de Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre (PS) de François Hollande, évoquée elle aussi, elle avait été unanimement rejetée par le NFP.
Le gouvernement de Michel Barnier comporte un nombre important de personnalités politiques de droite, dont le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, nommé ministre de l’Intérieur. Michel Barnier reconduit six ministres de Gabriel Attal : Sébastien Lecornu aux Armées, Catherine Vautrin aux Territoires et à la Décentralisation, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères et à l’Europe, Rachida Dati à la Culture, Guillaume Kasbarian à la Fonction publique, et Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique. Le 1er octobre, dans un hémicycle en ébullition où les députés LFI brandissent leurs cartes d’électeur en signe de protestation contre sa nomination, Michel Barnier tient son discours de politique générale et définit les priorités du nouveau gouvernement : réduction du déficit public, baisse de 40 milliards d’euros des dépenses publiques et hausse de la fiscalité de 20 milliards. Le Premier ministre, qui envisage une hausse du SMIC ainsi que quelques ajustements de la réforme des retraites votée en 2023, veille à s’accorder les faveurs de LR et du RN, en déclarant « … nous ne maîtrisons plus de manière satisfaisante notre politique migratoire » et en se disant prêt « à conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires, dont nous avons besoin pour les reconduites à la frontière ».
Après avoir longtemps assuré qu’il se refuserait à utiliser l’article 49, alinéa 3 de la Constitution pour réduire le temps d’examen du budget, Michel Barnier finit par engager, dans le cadre de cet article, la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. LFI et le RN déposent chacun une motion de censure et, dès le vote de la première d’entre elles, le 4 décembre, une majorité absolue de 331 députés fait tomber le gouvernement. Pour la seconde fois de l’histoire de la Ve République – la première, en 1962, avait vu la chute du gouvernement Pompidou, reconduit après les législatives qui avaient suivi –, un gouvernement est renversé. Le lendemain, Michel Barnier remet sa démission, ouvrant la troisième période de vacance gouvernementale de l’année.
Le 13 décembre, Emmanuel Macron nomme au poste de Premier ministre François Bayrou, président du MoDem, qui n’était probablement pas son premier choix – les noms de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et de Roland Lescure, ancien ministre de l’Industrie et de l’Énergie de Gabriel Attal, ayant été avancés avec insistance. Selon le quotidien Le Monde, François Bayrou aurait menacé Emmanuel Macron de lui retirer le soutien de ses députés s’il n’était pas nommé. Ainsi, l’année 2024 se termine par l’arrivée à Matignon de celui qui avait donné un soutien décisif à l’aventure présidentielle d’Emmanuel Macron, en se ralliant à sa candidature au printemps de 2017. Quant au chef de l’État, toujours confronté à l’instabilité parlementaire latente qu’il a[...]
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Écrit par
- Martial FOUCAULT : professeur des Universités à Sciences Po Paris
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