- 1. Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
- 2. L'étrange dissolution
- 3. Un nouveau paysage électoral
- 4. Le choix d’un Premier ministre sans majorité
- 5. La valse des Premiers ministres
- 6. Tensions exacerbées dans les outre-mer
- 7. La France face au déclin de son influence internationale
- 8. Une forte incertitude économique
- 9. Deux moments forts : les jeux Olympiques et la reconstruction de Notre-Dame de Paris
FRANCE L'année politique 2024
Article modifié le
L'étrange dissolution
L’analyse du résultat des élections européennes n’a pas le temps de s’installer dans le débat public français que, le 9 juin, à peine les chiffres connus, Emmanuel Macron annonce à la télévision la dissolution de l’Assemblée nationale, provoquant ainsi la tenue d’élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet.
Cette décision est surprenante à plus d’un titre. En premier lieu, Emmanuel Macron tire une conclusion nationale à partir du résultat d’élections européennes – rappelons que les précédentes dissolutions de 1962, 1968 et 1997 étaient uniquement liées à la situation intérieure du pays. En outre, la possibilité pour le président de reconstituer une majorité à l’Assemblée semble alors plus qu’incertaine. Enfin, cette dissolution équivaut à un désaveu du Premier ministre, un proche qu’il a installé à Matignon tout juste cinq mois plus tôt. Le fait que le vote d’une motion de censure allait sûrement devenir inévitable, à l’occasion de l’examen du budget à l’automne, paraît avoir motivé la décision prise par Emmanuel Macron. La division de la NUPES – flagrante pendant la campagne européenne – a sans doute achevé de décider le président.
Mais c’était sans compter sur le sursaut imprévu de la gauche qui, confrontée à la possibilité d’une arrivée du RN au pouvoir, parvient à construire une coalition dès le lendemain de l’annonce du président, à rédiger un programme axé sur les questions fiscales et de redistribution et à nommer des candidats communs, qu’elle présente sous l’étiquette fortement symbolique de Nouveau Front populaire (NFP) – appellation suggérée dès le 9 juin par le député de la Somme François Ruffin. Face à une gauche unie, le parti présidentiel se trouve ainsi exposé en quelques jours à une probable marginalisation dans les urnes. D’un point de vue constitutionnel, la décision de dissoudre l’Assemblée nationale entraîne des impératifs calendaires. Le président souhaitant que les résultats soient connus avant la fête nationale du 14-juillet, qui marque le début des grands départs des vacances estivales, la campagne est exceptionnellement brève, le dépôt des candidatures officielles étant fixé au 16 juin (une semaine après la dissolution) et le premier tour au 30 du même mois.
Ces législatives anticipées produisent des résultats inattendus au premier comme au second tour. Le 30 juin, le RN est en tête du premier tour et devient la première formation politique dans une élection nationale, avec 10,6 millions d’électeurs, soit 33,22 % des suffrages – si l’on inclut les voix des candidats issus de LR qui, dans la semaine ayant suivi la dissolution, se sont ralliés au RN derrière Éric Ciotti. En deuxième place, le NFP obtient 28,06 % des voix. En troisième position, loin derrière ses opposants, Ensemble ! (majorité présidentielle) ne dépasse pas 20,04 % des voix. Au second tour, autre originalité de 2024, la dynamique se renverse totalement en faveur d’un front républicain méthodique et respecté. Dans les vingt-quatre heures qui suivent le premier tour, le Premier ministre Gabriel Attal ainsi que les dirigeants du NFP décident de retirer leurs candidats arrivés en troisième position et qualifiés pour le second tour en présence d’un candidat RN. Très bien suivie, la consigne permet de réduire le nombre de triangulaires susceptibles de favoriser le RN de 306 à seulement 89. C’est un événement inédit dans l’histoire des législatives de la Ve République : l’adversaire principal a changé entre les deux tours, les macronistes au premier, le RN au second ! Ce front républicain, que le camp présidentiel préfère qualifier d’arc républicain, est bien accueilli par les électeurs. La gauche obtient un peu plus de 190 députés, le centre un peu moins de 170, l’extrême droite 143, et la droite 66. La[...]
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Écrit par
- Martial FOUCAULT : professeur des Universités à Sciences Po Paris
Classification
Médias
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