- 1. Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
- 2. L'étrange dissolution
- 3. Un nouveau paysage électoral
- 4. Le choix d’un Premier ministre sans majorité
- 5. La valse des Premiers ministres
- 6. Tensions exacerbées dans les outre-mer
- 7. La France face au déclin de son influence internationale
- 8. Une forte incertitude économique
- 9. Deux moments forts : les jeux Olympiques et la reconstruction de Notre-Dame de Paris
FRANCE L'année politique 2024
Article modifié le
L’année 2024 en France est avant tout dominée par une instabilité politique inédite sous la Ve République. Quatre Premiers ministres se succèdent au cours d’une année marquée par plusieurs événements auxquels les Français étaient jusque-là peu habitués : une dissolution de l’Assemblée nationale largement incomprise, des élections législatives ne dégageant ni majorité ni coalition parlementaire, une absence de Premier ministre en exercice pendant deux mois et, enfin, le renversement d’un gouvernement par la gauche et l’extrême droite. Ce tourbillon ne doit cependant pas faire oublier le principal fait politique de l’année, stable et permanent celui-là : l’accession du Rassemblement national (RN) au rang de premier parti de France. Sans doute conforté par un sentiment de déclassement individuel et collectif, le vote RN structure désormais la vie politique française. Ainsi, divisée en trois grands blocs que tout paraît opposer, la France semble, en fin d’année encore, quasi impossible à gouverner.
Les difficultés des Français d’outre-mer prennent quant à elles un tour tragique : des émeutes et des affrontements violents ravagent la Nouvelle-Calédonie, la Martinique s’embrase, et Mayotte – déjà durement frappée par la pauvreté – subit l’un des cyclones les plus dévastateurs de son histoire récente.
Sur la scène internationale, déstabilisée par les guerres russo-ukrainienne et israélo-palestinienne, ainsi que par l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, la voix de la France semble de plus en plus difficile à faire entendre. Quant à la situation économique du pays, même si l’inflation est en nette régression et que le chômage reste historiquement faible, elle continue d’être perçue négativement par une majorité des Français, confrontés à la baisse de leur pouvoir d’achat.
Majorité introuvable et poussée du Rassemblement national
Nommée Première ministre en mai 2022, à la suite de la réélection d’Emmanuel Macron, Élisabeth Borne présente sa démission le 8 janvier 2024. Faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, elle avait recouru à vingt-trois reprises à l’article 49, alinéa 3 de la Constitution au cours de son mandat – notamment pour imposer une réforme des retraites très contestée. Sa majorité relative avait encore été fragilisée par les débats sur la loi immigration de décembre 2023. Contrairement à ce que prévoit la lettre de la Constitution – qui stipule que c’est le Premier ministre qui présente la démission du gouvernement –, c’est manifestement le président de la République qui prend l’initiative de son départ, la première phrase de sa lettre de démission le précisant sans ambiguïté : « Vous m’avez fait part de votre volonté de nommer un nouveau Premier ministre. » Dès le lendemain, Emmanuel Macron nomme à Matignon Gabriel Attal, qui devient, à trente-quatre ans, le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Celui-ci bénéficie alors d’une cote de popularité relativement confortable (49 % d’opinions favorables selon le baromètre politique IFOP pour le Journal du dimanche de janvier 2024) construite à partir de juillet 2023 au ministère de l’Éducation nationale, où il avait notamment interdit le port de l’abaya en milieu scolaire et annoncé la mise en place d’un « choc des savoirs » dont la mesure phare – la création de groupes de niveaux au collège, rebaptisés « groupes de besoins » – est effective dans les classes de 6e et de 5e à la rentrée scolaire de septembre 2024. Outre le maintien de la cohésion de la coalition gouvernementale, prise en tenaille entre les 88 députés du groupe Rassemblement national (RN) et les quelque 150 députés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), dominée par La France insoumise (LFI), Gabriel Attal est censé apporter un nouveau souffle au[...]
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Écrit par
- Martial FOUCAULT : professeur des Universités à Sciences Po Paris
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