FONCTIONS ANALYTIQUES Fonctions d'une variable complexe

Les coefficients de la série de Taylor

La formule (10) qui donne une expression intégrale des coefficients du développement en série entière va nous donner de précieux renseignements.

La propriété de moyenne

Considérons tout d'abord le terme constant de la formule de Taylor. On a, pour n = 0 dans (10) :

par translation, on aurait, pour tout point a ∈ U :
pour tout r assez petit. Cette relation exprime que la valeur de f en a est égale à la valeur moyenne de f sur les cercles de centre a et de rayon r assez petit, ce qu'on exprime en disant que f possède la propriété de moyenne. Il est clair que la partie réelle et la partie imaginaire de f possèdent encore ces propriétés : ce sont des fonctions harmoniques.

Le principe du maximum

Une importante conséquence de la propriété de moyenne est le principe du maximum, que l'on peut énoncer ainsi : Soit U un ouvert connexe du plan complexe et f une fonction analytique dans U ; s'il existe un point a ∈ U tel que l'on ait |f (z)| ≤ |f (a)| dans tout un disque de centre a (on dit alors que la fonction |f| a un maximum relatif en a), alors f est constante dans l'ouvert U.

Pour cela, remarquons d'abord que, si f(a) = 0, alors on a f(z) = 0 dans tout un voisinage de a, d'où f = 0 dans U tout entier. Supposons donc f (a) ≠ 0 ; multipliant f par une constante complexe, on se ramène au cas où f (a) est réel positif. D'après le principe du prolongement analytique, il suffit de montrer que f est constante dans un voisinage de a.

Soit R tel que |f (z)| ≤ f (a) pour |z − a| < R, et limitons-nous à des valeurs r < R ; soit M(r) la borne supérieure de f(z) pour |z| = r. D'après l'hypothèse, on a donc M(r) ≤ f (a). De plus, d'après la propriété de moyenne (14), on a f(a) ≤ M(r) et, par suite, f (a) = M(r). Considérons la fonction u(z) qui est la partie réelle de f (a) − f (z), u(z) = f (a) − Ref (z) ; on a u(z) ≥ 0, puisque Re f ≤ |f| et u(z) = 0 si et seulement si f (z) = f (a). Or u est la partie réelle d'une fonction holomorphe, donc possède la propriété de moyenne : sa moyenne sur le cercle |z − a| = r est égale à g(a), donc nulle :

puisque u est continue ≥ 0, cela entraîne u(z) = 0, donc f (z) = f (a), dans tout le disque D(a, R).

Voici par exemple une conséquence du principe du maximum qui sert souvent. Si f est une fonction analytique dans un disque D(a, R), alors on a, pour r < R :

en effet, la fonction continue |f| atteint sa borne supérieure dans D(0, r) en un point qui, d'après le principe du maximum, est nécessairement un point frontière, sinon f serait constante (et alors (15) trivial). Ce raisonnement s'appliquerait à tout compact (ensemble fermé et borné) du plan : si f est analytique dans un ouvert connexe D d'adhérence D− compacte et continue sur D−, alors |f| n'atteint son maximum qu'en un point frontière, sinon elle est constante. Donnons une application de (15) en établissant le lemme de Schwarz, qui sert dans la théorie de la représentation conforme (cf. fonctions analytiques – Représentation conforme) : Soit f une fonction analytique pour |z| < 1 telle que f (0) = 0 et |f (z)| < 1 pour |z| < 1 ; alors on a |f (z)| ≤ |z| pour |z| < 1, avec égalité en un point z0 ≠ 0, si et seulement si f (z) = λz, λ constante complexe du module 1.

En effet, on a :

et, par suite, la fonction :
est analytique pour |z| < 1. Puisque |f(z)| < 1, on a donc |g(z)| ≤ 1/r pour |z| = r, et aussi pour |z| ≤ r, d'après (15). Ainsi, fixant z ∈ D(0, 1), on a |f(z)| ≤ |z|/r quel que soit r > |z|, r < 1 ; faisant tendre[...]

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Écrit par

  • Jean-Luc VERLEY : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII

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Pour citer cet article

Jean-Luc VERLEY, « FONCTIONS ANALYTIQUES - Fonctions d'une variable complexe », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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Primitive

Primitive

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Primitive d'une fonction analytique

Théorème de Cauchy

Théorème de Cauchy

Théorème de Cauchy

Démonstration du théorème de Cauchy

Autres références

  • FONCTIONS ANALYTIQUES (A.-L. Cauchy)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 159 mots

    Augustin-Louis Cauchy (1789-1857) a écrit 789 notes qui furent publiées pour la plupart aux Comptes rendus de l'Académie des sciences. Parmi les nombreux résultats importants qu’il a démontrés, ceux qui concernent les fonctions d'une variable complexe ont marqué un tournant décisif dans...

  • ANALYSE MATHÉMATIQUE

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 7 504 mots
    ...exemple pour la fonction égale à exp (− 1/x 2) pour x ≠ 0 et à 0 pour x = 0, en prenant x 0 = 0). Il y a donc lieu de faire l'étude des fonctions, dites analytiques, qui, au voisinage de chaque point x 0 où elles sont définies, sont égales à leur série de Taylor en ce point. On savait depuis...
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    • Écrit par Jean-Luc VERLEY
    • 4 431 mots
    • 1 média
    ...fonctions analytiques à l'origine O du plan complexe. Considérons les couples (U, f ) d'un voisinage ouvert de O dans le plan complexe et d'une fonction f définie et analytique dans U. Nous dirons que deux tels couples (U, f ) et (V, g) définissent le même germe à l'origine si f et ...
  • ASYMPTOTIQUES CALCULS

    • Écrit par Jean-Louis OVAERT, Jean-Luc VERLEY
    • 5 500 mots
    • 1 média
    ... tReh(x+iy) , appelé le relief de e th(z) . Cette surface ne présente pas de « sommet » relatif, d'après le principe du maximum pour les fonctions analytiques, et, par suite, les seuls points où le plan tangent est horizontal (ce sont les points où la dérivée h′(z) s'annule), sont...
  • BOREL ÉMILE (1871-1956)

    • Écrit par Maurice FRÉCHET
    • 2 016 mots
    Sommation des séries divergentes. L'intervention fréquente des séries divergentes dans la théorie des fonctions analytiques, par exemple, conduisit Borel à rendre ces séries « convergentes » en un sens plus général ; dans son ouvrage Leçons sur les séries divergentes, il étudie...
  • DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - Théorie linéaire

    • Écrit par Martin ZERNER
    • 4 723 mots
    Ce théorème s'applique aussi aux systèmes, pourvu qu'ils soient de la forme :
    où Φ est une fonction analytique de t, x, u et ses dérivées d'ordre total m au plus mais strictement plus petit que m en t. Il reste un des rares résultats très généraux de la théorie. Il a été publié par ...
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Voir aussi