FLAVIUS JOSÈPHE (37-env. 100)

Né en 37 à Jérusalem, témoin en 70 de la prise de sa ville natale par les Romains et de l'incendie du Temple, Flavius Josèphe est le seul historien juif de cette époque dont l'œuvre ait survécu. À la fois polémiste et mémorialiste, Josèphe reste le témoin unique des temps troublés qui précédèrent et suivirent la chute de Jérusalem. Le débat sur l'homme d'action acquis aux Romains porte aussi sur l'écrivain. Les acquisitions de l'archéologie (manuscrits de la mer Morte, 1947 ; forteresse de Massada, 1964, Hérodion, 1968-1969, fouilles de la cité de David et du Mur méridional du Temple de Jérusalem) corroborent les descriptions de Josèphe et éclairent sa narration. Les travaux historiques contemporains, prenant en compte la partialité de l'auteur et le fait qu'il soit personnellement engagé dans les événements qu'il relate, s'accordent à souligner la valeur de l'œuvre pour la compréhension de l'histoire politique et sociale d'Israël comme de l'Empire romain.

De Joseph, fils de Mathias, à Flavius Josephus

À sa naissance (an 1 du règne de Caligula), il reçut le prénom de Joseph et le patronyme de ben Mattithiahū (fils de Mathias), auquel il pouvait adjoindre ha-Cohen (le prêtre) puisqu'il appartenait à une très noble lignée sacerdotale. Sa première éducation fut purement centrée sur l'étude sacrée. À treize ans, il était en mesure d'interpréter les textes pour des prêtres ou des notables moins savants. En un temps où le judaïsme était divisé en trois principaux courants : sadducéen, pharicien, essénien, il s'intéressa à chacun d'eux avant d'opter pour le courant pharisien. Le séjour de trois ans qu'il fit, entre l'âge de seize et de dix-neuf ans, auprès de l'ermite Bannus semble témoigner de son goût pour la vie spirituelle.

À son retour à Jérusalem, le jeune Joseph fut sans doute vite repris par son milieu aristocratique puisqu'il fut, à l'âge de vingt-six ans, chargé d'une mission diplomatique à Rome : celle d'y faire libérer des prêtres emprisonnés par Néron. Il y parvient grâce à l'appui de l'impératrice Poppée, qui était peut-être judaïsante. La Judée, qui avait perdu son indépendance en l'an 6, était alors gouvernée par des procurateurs romains cruels et sans scrupules. Elle finit par se révolter contre Rome en l'an 66, et Joseph, fils de Mathias, accepta alors le commandement de la Galilée. Sa conduite ambiguë suscita la nomination d'une commission d'enquête contre lui, mais il sut toujours retourner l'opinion en sa faveur. Quand enfin, en juillet 67, il dut affronter le général romain Vespasien, il résista par divers stratagèmes dans la citadelle de Jotapata. Réfugié dans une grotte avec quarante notables, il échappa au suicide collectif décidé par ceux-ci et se rendit à Vespasien auquel il prédit l'Empire. Cette prédiction devait se réaliser deux ans plus tard, quand Vespasien, au terme de la guerre civile qui ensanglanta Rome, fut élu empereur par ses troupes. Le prisonnier Joseph, fils de Mathias, fut alors affranchi et reçut le nom gentilice de son protecteur Flavius en gardant Josephus comme cognomen.

Le reste de l'existence de celui que l'on peut maintenant appeler Flavius Josèphe se passa entièrement dans le camp romain, puis à Rome même. Il fut aux côtés de Titus pendant le siège de Jérusalem et lui servit d'interprète pour lancer des appels à la reddition. Ceux-là n'ayant eu aucun effet sur les assiégés dirigés par des chefs zélotes, il assista plein de douleur au massacre qui suivit la prise de la ville et l'incendie du Temple. Un peu plus tard, à Rome, il vit le triomphe des Flaviens où furent montrées les dépouilles de sa patrie vaincue. Protégé de Vespasien, qui lui alloua une[...]

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Écrit par

  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Mireille HADAS-LEBEL : docteur d'État, professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

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Pour citer cet article

E.U., Mireille HADAS-LEBEL, « FLAVIUS JOSÈPHE (37-env. 100) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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