ESPAGNE (Le territoire et les hommes) Le retour à la démocratie
Nom officiel |
Royaume d'Espagne (ES) |
Chef de l'État |
Le roi Felipe VI (depuis le 19 juin 2014) |
Chef du gouvernement |
Pedro Sánchez (depuis le 2 juin 2018) |
Capitale |
Madrid |
Langue officielle |
Castillan (espagnol) 2 2 Toutes les autres langues espagnoles, notamment le basque, le catalan et le galicien, ont également un caractère officiel dans les communautés autonomes correspondantes |
La consolidation démocratique
Les données électorales de 1982 ne soulignent pas seulement l'écrasement de l'UCD, le triomphe socialiste et la bipolarisation de la vie politique espagnole (l'opposition étant menée désormais par le parti de droite qu'est l'Alianza popular, plutôt que par l'UCD qui va bientôt perdre jusqu'à son nom). Elles traduisent aussi l'imposition rapide du principe de l'alternance démocratique en Espagne, et marquent un recul très important de l'abstentionnisme, qui affectait en général un tiers de l'électorat hors l'épisode exceptionnel des premières élections libres du 15 juin 1977. En outre, ces données ramènent l'hypothèse autonomiste à sa juste proportion. Dans l'ensemble du pays, les partis autonomistes ou séparatistes – l'exception – recueillent en 1982 moins de 8 % des voix, alors qu'ils pourraient toucher le quart de l'électorat. En Catalogne même, ils ne mobilisent qu'entre le tiers et la moitié des électeurs selon les provinces et une légère majorité de ceux-ci au Pays basque. Sur un plan de stricte démocratie, la monarchie actuelle est en passe d'édifier le système de partis et le consensus national que la République des années 1931-1936 s'était révélée incapable de consolider dans l'ensemble du pays.
Les zones d'ombre : l'armée, le terrorisme, l'Europe
Cela suffit-il ? Huit généraux ont été assassinés entre 1978 et 1982, et certains militaires espagnols conservent l'habitude des complots antidémocratiques, même s'ils ne débouchent que sur l'aventure putschiste menée par le lieutenant-colonel Tejero le 23 février 1981. Cependant, l'environnement international de l'Espagne n'est plus celui – propice aux dictatures fascistes – des années 1930. Il n'est pas davantage celui de l'Amérique latine, où les contextes sociaux internes expliquent pour beaucoup les interventions des militaires. Comme celles des pays européens voisins, l'armée espagnole est fondée sur la conscription ; ses chefs hésiteraient à tout le moins à se couper de la nation et à courir le risque de la désobéissance. De leur côté, les responsables politiques témoignent d'une sagesse qui ne prend pas seulement en compte l'hypothèse d'un coup de force, mais qui tranche singulièrement sur l'imprudence de leurs prédécesseurs républicains ou des dirigeants chiliens à l'époque du président Allende.
En définitive, le danger de déstabilisation représenté par le terrorisme basque reste depuis 1976 plus redoutable pour la démocratie espagnole, d'abord parce qu'il justifie pendant un temps la menace militaire, ensuite parce qu'il entraîne un risque de perversion des garanties juridiques reconnues par la Constitution, enfin parce qu'il ne semble avoir d'autre issue qu'un dépérissement très lent. Les ressources normales d'une démocratie auront peine à résoudre le problème basque tel qu'il est entretenu par les mouvements terroristes. Dépourvus d'une légitimité populaire suffisante, ceux-ci ne trouvent leur survie que dans la poursuite même de la violence et dans les solidarités abusives qu'elle engendre. À vrai dire, l'indépendance totale de la région basque n'apporterait pas de remède, car l'action terroriste s'orienterait alors contre le gouvernement légal du Pays basque, de la même façon qu'elle a transféré sa cible de la dictature franquiste au régime actuel. La démocratie espagnole doit apprendre à vivre avec la violence basque, peut-être pour plusieurs décennies.
Reste qu'elle peut se trouver aidée, dans cette perspective sinistre, par la ressource politique offerte par l'entrée dans la Communauté économique européenne ( CEE), sollicitée[...]
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Écrit par
- E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
- Guy HERMET : directeur de recherche émérite à la Fondation nationale des sciences politiques
- Mercedes YUSTA RODRIGO : professeur des Universités à l'université de Paris-VIII, membre de l'Institut universitaire de France
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Pour citer cet article
E.U., Guy HERMET, Mercedes YUSTA RODRIGO, « ESPAGNE (Le territoire et les hommes) - Le retour à la démocratie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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1962 à 1989. De la guerre froide à la détente
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