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ÉPHIALTÈS (mort en 460 av. J.-C. env.)

Homme d'État et législateur athénien. Contre Cimon, partisan de l'ordre établi qui donnait la prépondérance aux propriétaires fonciers où se recrutaient les hoplites, Éphialtès entendait faire participer à la vie politique toutes les catégories de citoyens, notamment ceux qui vivaient de la mer. L'obstacle était le Conseil de l'Aréopage, organe des citoyens les plus riches, dont le pouvoir coutumier s'étendait à tous les domaines. Avant de lui enlever ses fonctions politiques, Éphialtès s'efforça de déconsidérer ses membres par des procès à scandale. Il attaqua Cimon lui-même en justice, mais sans succès (~ 463). Il s'opposait aussi à lui à propos de l'orientation de la politique étrangère. Tandis que Cimon, laconophile convaincu, entendait consacrer toutes les forces de la cité au développement de son impérialisme maritime et laisser à Sparte l'hégémonie continentale, Éphialtès contestait cette attitude et ne reculait pas devant une rupture pour assurer à Athènes une prépondérance sans partage. Il fallut trancher entre eux lorsque Sparte, menacée dans son existence par un séisme catastrophique et par une révolte des hilotes (~ 464), fit appel à ses alliés. Après un débat dramatique, Cimon fit voter l'envoi d'un important contingent d'hoplites au siège du mont Ithôme où s'étaient retranchés les rebelles (~ 462). Son départ changea la majorité à l'Assemblée. Éphialtès en profita pour enlever à l'Aréopage ses pouvoirs politiques qui furent répartis entre les organismes démocratiques de la constitution : Assemblée, Conseil et tribunaux. Quand Cimon tenta de faire abroger ces mesures, il fut ostracisé (~ 461). Mais, peu après, Éphialtès fut assassiné par un métèque : on ignore qui arma son bras. Sa disparition fut sans conséquence pour son œuvre qui, poursuivie par Périclès, demeura le fondement de la démocratie classique.

— Jean DELORME

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse

Classification

Pour citer cet article

Jean DELORME. ÉPHIALTÈS (mort en 460 av. J.-C. env.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ATHÈNES

    • Écrit par Guy BURGEL, Pierre LÉVÊQUE
    • 16 998 mots
    • 10 médias
    ...médiques, la constitution clisthénienne avait été quelque peu mise en sommeil et l'Aréopage avait repris son influence d'autrefois. Les chefs démocrates, Éphialte puis Périclès, rendent au peuple la maîtrise de l'État et perfectionnent même les institutions : les zeugites (citoyens de la troisième...
  • CIMON (apr. 510-450 av. J.-C.)

    • Écrit par Jean DELORME
    • 640 mots

    Homme d'État athénien, fils de Miltiade, le vainqueur de Marathon. Après une jeunesse difficile, Cimon combat à Salamine (~ 480) et participe à l'expédition navale de ~ 478, qui voit le commandement des Grecs sur mer passer des Spartiates aux Athéniens. Aussitôt après la constitution de...

  • PÉRICLÈS (env. 495-429 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre LÉVÊQUE
    • 3 837 mots
    À l'intérieur de la cité, Périclès agit d'abord comme second d'Éphialte. Leur premier soin est de lutter contre la puissance exceptionnelle que l'ancien conseil aristocratique de l'Aréopage avait récupérée à la faveur des guerres médiques : après plusieurs procès intentés à des aréopagites qui déconsidèrent...

Voir aussi