ÉLISABETH Ire (1533-1603) reine d'Angleterre (1558-1603)
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Les premières années
De son mariage avec Catherine d'Aragon, Henri VIII n'avait qu'une fille, Marie, et pas de fils. Grave problème que celui du défaut d'héritier mâle pour le représentant d'une dynastie aussi nouvelle que celle des Tudors, ces usurpateurs heureux. Ainsi, c'est l'impératif dynastique, outre sa neuve passion pour Anne Boleyn, qui pousse Henri VIII à divorcer (1527). Mais Catherine est la tante de Charles Quint, monarque entre tous redoutable, et qui vient d'écraser le roi de France François Ier à Pavie. Peu soucieux de déplaire au maître de l'Italie, le pape tergiverse pour accorder le divorce au roi d'Angleterre. La puissance pontificale (à l'heure où Luther a ameuté l'Allemagne contre elle) bloque en Angleterre une affaire d'État. Henri VIII tranche la question : il utilise le Parlement pour terroriser les évêques et forcer la main au pape ; un prélat acquis à la Réforme, Cranmer, devenu archevêque de Canterbury, prononce la nullité du mariage avec Catherine, marie le roi à Anne Boleyn (janv. 1533). Le 7 septembre suivant, la nouvelle reine met au monde un enfant. Déception : c'est une fille, qui reçoit le nom d'Élisabeth. De cette naissance, illégitime en bonne doctrine catholique – et Henri VIII est toujours catholique –, Élisabeth aura une conscience aiguë. Cette infirmité originelle qui, en son époque et pour une femme de son rang, comporte tant de dangers la contraint à vivre aux aguets, à dissimuler, à se composer un personnage. Anne Boleyn a été exécutée sous prétexte d'infidélité en 1536. Une nouvelle reine, Jeanne Seymour, donne, elle, à Henri VIII ce fils tant attendu, le futur Édouard VI. Aussi les princesses issues des premiers lits sont-elles confinées dans des châteaux, loin de la cour, recevant néanmoins une excellente éducation. Élisabeth devient une humaniste accomplie férue d'Antiquité héroïque et stoïque ; elle parle trois langues étrangères, le français, l'italien et l'espagnol ; elle joue de plusieurs instruments de musique et danse à ravir. Son esprit, sollicité d'ailleurs par tant de menaces politiques, s'aiguise. Princesse de la Renaissance, Élisabeth allie, comme plus tard les hardis capitaines de son règne, une énergie et des manières toujours rudes à d'extrêmes raffinements de pensée et d'expression. Au contraire de Marie, indélébilement marquée par la triste destinée de sa mère et les malheurs de sa religion, Élisabeth hérite de son éducation cette indifférence religieuse que l'on note chez certains humanistes, italiens notamment. De la leçon italienne, elle retient aussi l'art de la dissimulation, qu'elle pratique en comédienne consommée.
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Écrit par :
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
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Pour citer l’article
André BOURDE, « ÉLISABETH Ire (1533-1603) - reine d'Angleterre (1558-1603) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/elisabeth-ire/