ORIENT ÉGLISES CHRÉTIENNES D'
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Les Églises catholiques d'Orient ou « uniates »
Sous l'influence latine, surtout à partir du xvie siècle, nombre de chrétiens orientaux sont entrés en communion avec l'évêque de Rome, quelquefois sous la conduite d'une partie de leur épiscopat. Confessionnellement catholiques, ils n'ont pourtant adopté ni le rite latin ni les institutions occidentales, conformément aux décrets d'union du concile de Florence (1439-1445). Bientôt rejetées par l'ensemble des Églises orientales, ces dispositions, garantissant leur autonomie canonique et liturgique, n'en demeuraient pas moins valables aux yeux de Rome. Nées sur ce fondement, les Églises orientales catholiques furent appelées « uniates » par les orthodoxes, avec une nuance péjorative. Ce terme n'agrée donc pas toujours aux intéressés. Par ailleurs, l'Église maronite, orientale et catholique, antérieure à l'accord de Florence, relève d'une autre typologie. Cet accord, souvent amendé et transgressé, a conduit soit à une latinisation relative de ces Églises, soit à des tensions renaissantes entre elles et Rome. Totalisant quatorze millions de fidèles, répandus au Proche-Orient, en Inde du Sud, en Europe de l'Est et plus récemment en Amérique, les Églises uniates restent très minoritaires dans le catholicisme. Ni leur histoire, fort complexe, ni leurs institutions liturgiques et canoniques, qui relèvent de rites différents, ne se prêtent à une vue synthétique ; du moins ces communautés ont-elles pour trait commun de représenter une expérience d'union, témoignant de la difficile rencontre du christianisme occidental et du christianisme oriental.
À l'époque moderne, la première union fut celle d'une partie des nestoriens de Mésopotamie (1551), désignés dès lors comme chaldéens. L'union de l'Église du Malabar suivit de près. Celle-ci, fortement latinisée par les Portugais (synode de Diamper, 1599), vit une partie de ses fidèles passer au monophysisme : leur retour partiel à l'union donna naissance à l'Église malankare (1930).
Dans l'Empire ottoman, l'uniatisme se développa en prenant appui sur l'Église maronite, unie tout entière à Rome au moins dès 1181, et sous la protection diplomatique française, qui s'exerçait dans le cadre des Capitulations ; à cela s'ajoutait l'activité de religieux latins, franciscains, capucins, dominicains et jésuites. Ainsi furent officialisées des hiérarchies melkite catholique (1724), arménienne (1742), syrienne (1667 et 1763). En Égypte et en Éthiopie, des passages individuels au catholicisme permirent plus tardivement l'institution d'une hiérarchie copte (1895) et d'une hiérarchie éthiopienne (1930).
Dans l'Europe de l'Est, les principales unions furent conclues sous l'égide de l'épiscopat ukrainien des territoires polonais (Brest-Litovsk, 1596), de l'épiscopat ruthène des territoires hongrois (Užhorod, 1646) et avec une partie des Roumains (1699). Ultérieurement, d'autres unions eurent lieu, quelquefois infimes (ainsi y a-t-il moins de trois mille Hellènes uniates).
Pour comprendre l'uniatisme (dont le tableau résume la situation actuelle), il est nécessaire de mentionner la vision contrastée qu'en ont les orthodoxes, les latins et les catholiques unis eux-mêmes.
Orientaux catholiques : répartition
Répartition des Orientaux catholiques par rapport aux Églises orientales d'où ils sont issus. Les statistiques sont tirées de la «World Christian Encyclopedia», dirigée par David B. Barrett (Oxford University Press, 1982). Dans chaque cas, on a retenu la projection établie par cet ouvrage...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Le point de vue orthodoxe
Les Églises orthodoxes et préchalcédoniennes estiment que les Églises orientales unies sont nées d'un prosélytisme de mauvais aloi. Pour elles, un grave différend a surgi, entre les Églises d'Orient et l'Église d'Occident, au sujet de la nature et de l'étendue des pouvoirs du Siège de Rome. Puisqu'il s'agit d'un conflit entre Églises locales sur l'exercice de l'autorité supralocale, seule une rencontre entre les responsables des Églises concernées peut y mettre fin, de façon paritaire, en un concile œcuménique par exemple. Si telle est la nature du débat, la reconnaissance par un groupe plus ou moins important de fidèles, ou même par une fraction de l'épiscopat, du bien-fondé de la position romaine ne peut qu'alourdir le contentieux. De telles unions seraient pour Rome un moyen d'esquiver le fond du débat et de tenter de le résoudre unilatéralement, par la voie de fait.
Dans ce contexte, les efforts en vue de l'union, tels qu'ils furent pendant longtemps présentés dans le catholicisme, évoquaient aisément le prosélytisme : ne parlait-on pas de rechercher « la soumission au pape des chrétiens orientaux » en leur envoyant des « missionnaires » pour leur « conversion » ? Malgré le désaveu de Rome, il arrivait que l'on rebaptisât, so [...]
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Écrit par :
- Irénée-Henri DALMAIS : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
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Pour citer l’article
Irénée-Henri DALMAIS, Hervé LEGRAND, « ORIENT ÉGLISES CHRÉTIENNES D' », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/eglises-chretiennes-d-orient/