DÉVELOPPEMENT (biologie) Le développement humain

La sénescence

La sénescence ou vieillissement (d'un terme indo-européen wet qui signifie « année », puis latin vetus, « vieux d'une année de plus ») est un phénomène biologique naturel qui a sa place dans l'étude du développement humain. Vetus s'oppose à novus comme senex s'oppose à juvenis.

Tous les êtres vivants, en général, ont en commun trois caractéristiques :

– ils connaissent un graduel déclin dans leurs possibilités d'adaptation à leur environnement normal dès qu'ils ont atteint leur période de reproduction ;

Longévité chez quatre espèces

Longévité chez quatre espèces

Longévité chez quatre espèces

Longévité moyenne en fonction de l'espèce (in « Revue Triangle », Journ. Sandoz des sciences…

– tous les individus d'une même espèce ont une espérance de vie fixée : une souris vit deux ans, un chien entre douze et dix-huit ans, un cheval trente ans, l'éléphant dépasse la cinquantaine (fig. 10). Pour l'espèce humaine, des études se recoupent pour situer entre cent et cent-dix années la barrière biologique infranchissable (the limit set by the Lord, disent les Anglais) ;

– une corrélation existe entre la longueur de la phase de l'organisation et de la maturation d'une part, et la longévité potentielle d'autre part : par conséquent, la sénescence ne doit pas être envisagée comme un stade isolé de la vie, mais fonction des stades qui la précèdent. Ces stades influencent non seulement l'espoir de vie des êtres mais aussi la durée, la vitesse et les modalités de la sénescence.

La sénescence humaine normale (eusénescence)

Le vieillissement normal se traduit d'abord par des changements apparents qui frappent le tissu conjonctif : notamment le derme de la peau et ses annexes : les rides en sont le premier signe, puis la peau devient fine, les vaisseaux sous-cutanés deviennent visibles par transparence. La perte des cheveux (ou calvitie) est aussi un signe de mort cellulaire : leur blanchiment (ou canitie) signe, lui, la perte de la fonction pigmentaire des cellules de la base du poil. La cellule principale du tissu conjonctif est le fibroblaste. Sa fonction principale est de synthétiser deux molécules fondamentales et très sensibles aux mécanismes du vieillissement : le collagène et l'élastine.

La composition du collagène se modifie avec l'âge, certaines de ses molécules d'aminoacides se raréfient (hydroxylysine), certaines de ses enzymes baissent d'activité (propyl- et lysyl-hydroxylases notamment). L'élastine se dégrade ; ses fibres se désorganisent, leurs limites s'estompent, leur structure s'effiloche.

En 1965, dans son laboratoire du Centre médical de l'hôpital pour enfants de Caroline du Nord, Léonard Hayflick a mis en culture des fibroblastes humains empruntés à un fragment de poumon de fœtus. Il a constaté que cette culture se développait normalement in vitro en couche monocellulaire confluente. Prélevant des cellules de ce premier échantillon, il les a repiquées dans un second milieu neuf et ainsi de suite une cinquantaine de fois. Lorsque l'on s'approche des dernières expériences, les cellules se divisent plus lentement, mettent plus de temps à atteindre les bords du flacon. Vers le cinquantième repiquage, les cellules ne se divisent plus, donnent des signes de dégénérescence et meurent.

Si, en cours d'expérience, on prélève des cellules et si on les plonge dans l'azote liquide (— 194 0C), elles ne meurent pas mais cessent de se diviser. Lorsqu'on les sort de cette « banque » de cellules ainsi refroidies, elles reprennent leurs divisions, même après plusieurs années. Hayflick a démontré que même après ce sommeil prolongé, le fibroblaste « n'oublie pas son âge » si le froid a bloqué la cellule après dix repiquages, après être rentrée en activité à nouveau, elle donnera encore une quarantaine de cultures. Si le blocage est intervenu après trente repiquages, il restera encore à la population cellulaire vingt occasions successives[...]

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Écrit par

  • Jacques-Michel ROBERT : professeur de génétique médicale à la faculté de médecine de Lyon-Sud, médecin des Hôpitaux de Lyon

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Pour citer cet article

Jacques-Michel ROBERT, « DÉVELOPPEMENT (biologie) - Le développement humain », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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