DÉVELOPPEMENT (biologie) Le développement humain

Le verbe latin volvere (dans sa forme active faire rouler, faire avancer ; dans sa forme neutre, tourner) a engendré voloper en vieux français. Dès le xii e siècle, on oppose déjà envelopper (enrouler) et développer (dérouler). Au xv e siècle le substantif « développement » apparaît, utilisé indifféremment pour évoquer le bourgeon ou la fleur qui s'ouvrent, ou l'animal qui naît et grandit.

Le développement fait intervenir l'ensemble des mécanismes qui, à partir d'unités élémentaires, édifient au sein de l'individu des ensembles de plus en plus complexes agissant en relation les uns avec les autres. Les interactions ainsi que la dépendance étroite de ces mécanismes tant à l'égard du programme génétique qu'à l'égard de l'environnement rendent compte de cette complexité : « toute vue sur ce sujet ne peut être, si elle se veut rigoureuse, que partielle et provisoire dès que l'on quitte le terrain monocellulaire » (A. Minkowski).

S' agissant de l'étude du développement de l'être humain, comme de tout être vivant sous le régime de la reproduction sexuée, il est commode bien qu'artificiel d'en subdiviser le déroulement en quatre phases chronologiquement successives sans nette césure entre elles : la fécondation, l'organisation, la maturation, la sénescence enfin, qui est un développement « négatif ».

Le programme génétique, immuable dès l'instant de la fécondation, est l'une des composantes de l'histoire de l'être. L'autre composante, variable, imprévisible, c'est l'environnement, qui intervient tout au long de la vie de l'individu. Si tout se passe bien, fécondation, organisation, maturation, sénescence seront « physiologiques », mais il peut arriver que la séquence naissance-vie-mort ne s'inscrive pas dans la norme : on parlera, selon la phase perturbée, de dyszygotie, de dysplasie, de dysmaturation, ou de dyssénescence. Rappelons à ce propos que la notion de norme n'est ci à envisager qu'en son aspect statistique et n'implique de ce fait aucun jugement de valeur.

La fécondation et l'héritage génique

Le terme savant pour désigner l'œuf, «  zygote », dérive d'un mot grec zugon qui signifie le « joug ». C'est la même racine que l'on trouve à l'origine des termes « conjugaison » ou « conjugal ». Lors de la reproduction sexuée, le programme génétique paternel et le programme génétique maternel vont « conjuguer » leurs possibilités. Les données génétiques pour l'enfant à naître sont irréversibles à l'instant même où la fécondation est réussie : chaque individu a reçu un patrimoine (terme à prendre ici au sens restrictif de stock héréditaire d'origine partenelle) et un « matrimoine » génétiques définitifs.

La fécondation normale (ou euzygotie)

Un être sexué, mâle ou femelle, ne peut pas donner à son futur descendant tout ce qu'il a reçu lui-même de son père et de sa mère. S'il en allait ainsi un zygote serait équipé du programme de ses quatre grands-parents. Il en est autrement à cause d'un des phénomènes les plus curieux de la biologie, la réduction chromatique ou méiose qui marque la genèse des cellules sexuelles mûres ou gamètes (gamétogenèse). Les cellules-souches de l'ovaire et du testicule, qui disposent encore du même nombre (2 n) de chromosomes que toutes les autres cellules de l'individu, vont, vers la fin de la gamétogenèse, réduire le nombre de leurs chromosomes de 2 n à n. Dans l'espèce humaine le noyau d'une cellule du foie, du rein, de la peau, du cerveau contient 46 chromosomes. Les noyaux d'un spermatozoïde et d'un ovule mûr contiennent, après réduction, 23 chromosomes. Les paires de chromosomes[...]

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Écrit par

  • Jacques-Michel ROBERT : professeur de génétique médicale à la faculté de médecine de Lyon-Sud, médecin des Hôpitaux de Lyon

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Jacques-Michel ROBERT, « DÉVELOPPEMENT (biologie) - Le développement humain », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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