- 1. À l'origine des crises, un petit nombre de mécanismes
- 2. L'ampleur des crises : le rôle décisif du système bancaire et de la dette
- 3. La crise des dettes souveraines dans la zone euro
- 4. Les innovations au centre des crises
- 5. Le rôle stratégique des politiques économiques
- 6. Le recours à des politiques interventionnistes à rebours de l’orthodoxie néolibérale
- 7. Le retour du piège de la dette publique
- 8. La mondialisation du xxie siècle, source d’instabilité économique
- 9. Bibliographie
CRISES ÉCONOMIQUES AU TOURNANT DU XXIe SIÈCLE
La crise des dettes souveraines dans la zone euro
La crise qui a secoué la zone euro à partir de la fin de 2009 illustre le rôle central de la dette (privée et publique) dans les processus d'instabilité financière. La crise des subprimes, qui a débuté aux États-Unis en 2007, s'est propagée en Europe et au Japon dans le contexte de la finance globalisée, comme on l'a vu. Au départ, cette crise était due à une suraccumulation de dette privée par les ménages aux États-Unis, au Japon, et dans certains pays européens (Royaume-Uni, Irlande, Espagne). Afin d'éviter un effondrement de l'activité, les États des pays développés ont accepté de laisser leurs déficits budgétaires se creuser. Ce faisant, ils ont aussi créé les germes d'une autre crise, celle des dettes souveraines en 2010-2012. Avec un endettement souvent important et des perspectives de croissance faibles, ils ont cherché à enrayer la hausse du poids de leur dette, avec des politiques de rigueur budgétaire, afin que leur solvabilité ne soit pas mise en doute. Dans ce contexte difficile, les pays de la zone euro les plus endettés, à commencer par la Grèce, suivie de l'Irlande, du Portugal et de l'Espagne, se sont trouvés dans une situation critique et ont fait l'objet d'attaques spéculatives dévastatrices qui ont augmenté le coût de leur dette.
L'une des raisons de la vulnérabilité de ces pays est leur appartenance à l'union monétaire européenne. En tant que membres de la zone euro, en effet, ils n'ont pas la maîtrise de leur politique monétaire pour financer leur dette et agir sur leurs taux d'intérêt. La crise des dettes souveraines s’est doublée en outre d'une crise bancaire, les banques de la zone euro détenant une part importante des dettes des pays les plus endettés, ce qui les a fragilisées. Cette crise jumelle – crise des dettes souveraines, crise bancaire – a montré les insuffisances des politiques communes d'ajustement de la zone euro. À ces enjeux s'en ajoute un autre : les dettes des États jouent un rôle central dans le système financier international, et celui-ci pourrait être sérieusement perturbé si elles perdaient leur statut d'« actif sans risque ».
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Écrit par
- Dominique PLIHON : professeur émérite d'économie, université Sorbonne Paris nord
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Médias