COMMUNISMEHistoire économique des pays communistes
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Les fondements du système socialiste d'économie
Le système socialiste d'économie s'appuie sur le rôle dirigeant du parti, sur le rôle dominant de la propriété publique des moyens de production et sur la planification comme mécanisme de coordination.
Le rôle dirigeant du parti
Dans tous les États socialistes, l'économie a été dirigée par le parti dominant dès l'installation des communistes au pouvoir, que le parti se dénomme effectivement « communiste » ou non, qu'il soit formellement unique ou qu'il constitue l'élément moteur d'une « alliance » ou d'un « front » de partis socialistes. Il a rarement assuré la direction immédiate des activités économiques par son propre appareil (sauf en Corée du Nord ou bien conjointement, avec un appareil économique doublant l'appareil de l'État, dans les autres pays socialistes d'Asie, en Roumanie et, occasionnellement, en U.R.S.S. avant 1965). Néanmoins, dans tous les cas, le parti a toujours exercé une autorité de dernier ressort sur le développement économique. Au niveau macro-économique, ce sont les organes dirigeants du parti qui ont fixé les orientations de la politique économique, décidé des réformes, statué avant les organes de l'État sur les plans (quinquennaux et annuels) ou sur le budget de l'État. À l'échelon des entreprises, des exploitations agricoles et, en général, de toutes les unités économiques de base, la cellule du parti contrôlait la conformité des décisions gestionnaires aux directives politiques. L'institution de la nomenklatura permettait au parti d'avoir un droit de regard officiel sur toutes les nominations importantes, en particulier aux postes de direction, de l'activité économique (cadres supérieurs de l'industrie, de l'administration économique, responsables économiques à tous les niveaux territoriaux). En U.R.S.S., ces postes étaient énumérés sur des listes (d'où l'expression de « nomenclature ») et ne pouvaient être pourvus qu'avec l'aval de l'échelon compétent dans la hiérarchie du parti ; par extension, le mot de nomenklatura a servi à désigner tous les cadres ainsi nommés, détenteurs de privilèges économiques (accès à un niveau de consommation plus élevé) parallèlement à leurs pouvoirs politiques. Enfin, le parti assurait l'arbitrage de dernier ressort dans les conflits économiques (entre entreprises, entre administration et entreprises, entre pouvoirs locaux), qui permettait souvent de débloquer des rigidités administratives.
Encadrée par le parti, l'administration économique spécialisée était à la fois centralisée et bureaucratique. Le modèle soviétique, initialement suivi partout, comprenait un grand nombre de ministères et d'administrations centrales à caractère économique, soit de nature fonctionnelle (administrations du plan, des prix, des finances, du travail, de l'approvisionnement), soit de caractère sectoriel (ministères de « branches » industrielles, de l'Agriculture, des Transports, du Commerce extérieur et intérieur). Les ministères sectoriels avaient pour tâche la direction immédiate d'entreprises et pouvaient intervenir quotidiennement dans leur gestion (le vocabulaire consacré en U.R.S.S. parlait de « tutelle mesquine »). Les pays de l'Est européens avaient suivi l'U.R.S.S., dans les années soixante, et tenté de déconcentrer un peu l'administration économique ; en U.R.S.S., ce fut, entre 1959 et 1964, la réforme des sovnarkhoz (administrations économiques territoriales), dont l'effet fut seulement de substituer l'esprit de clocher à la tutelle mesquine. Dans tous ces pays, on en est revenu à une administration économique centralisée, avec toutefois, en Europe de l'Est, un mouvement vers la réduction du nombre des ministères et une tendance peu suivie d'effets à la diminution de leurs pouvoirs d'intervention dans la vie des entreprises. En Chine, dans le cadre des provinces, les pouvoirs locaux ont en revanche disposé de compétences étendues, occasionnellement réduites lors de périodes de recentralisation dans les années soixante et soixante-dix. Enfin, en Yougoslavie, l'application du principe d'autogestion s'est accompagnée d'une large décentralisation du pouvoir économique, lui-même réduit à sa dimension fonctionnelle en l'absence d'une administration par branches.
Le système socialiste fait des travailleurs la force décisiv [...]
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Écrit par :
- Marie LAVIGNE : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau
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Voir aussi
- AUTOGESTION
- CELLULE organisme politique
- CHINE économie
- COLLECTIVISATION
- CONSEIL OUVRIER
- ÉCONOMIE DIRIGÉE
- INDICATEUR économie
- LIGUE DES COMMUNISTES DE YOUGOSLAVIE (L.C.Y.)
- OBJECTIF économie
- CLASSE OUVRIÈRE
- POLITIQUE DE PARTICIPATION
- PLANIFICATION économie
- POLITIQUE ÉCONOMIQUE
- MOYENS DE PRODUCTION
- SECTEUR AGRICOLE
- SECTEUR PUBLIC
- SOCIALISATION économie
- DROIT SOCIALISTE
- URSS histoire
- U.R.S.S. vie politique et économique
Pour citer l’article
Marie LAVIGNE, « COMMUNISME - Histoire économique des pays communistes », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/communisme-histoire-economique-des-pays-communistes/