BURLESQUE COMÉDIE, cinéma
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Une pléiade de génies
Comme il était fatal, certaines personnalités émergèrent du bataillon des clowns. Au comique unanimiste, hâtif et inspiré, de Mack Sennett se substituèrent, au cours des années vingt, les silhouettes affirmées de Charlot, Buster Keaton, Harry Langdon, Harold Lloyd, Laurel et Hardy. On ne dira jamais assez la prodigieuse richesse de cette période. Longtemps, Chaplin, seul, retint l'attention, mais nous savons aujourd'hui que Buster Keaton est au moins son égal. Nous savons aussi que le mystérieux message de Harry Langdon, aussi troublant que la plus fine poésie surréaliste, n'a pas fini d'être entendu. Quant aux courts métrages de Laurel et Hardy, dirigés à l'époque par Leo Mac Carey dans le sens de l'épopée burlesque, leur force comique n'a jamais été égalée.
Les comédiens Stan Laurel (1890-1965) et Oliver Hardy (1892-1957), en costume marin, ont une curieuse manière de jouer aux dames dans le film de James Parrot Les Bons Petits Diables (Brats), en 1930.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
L'acteur comique américain Buster Keaton (1895-1966), de son vrai nom Joseph Francis Keaton.
Crédits : Hulton-Deutsch/ Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images
Cette fois, les personnages sont fixés avec la dernière précision. Le trait physique, le costume, l'accessoire, un certain mode de réaction en face du monde ont désormais valeur de signes. L'abstraction est inscrite dans les lois du genre. Ainsi, la démarche de Charlot, le visage impassible de Buster Keaton, le regard rond et fixe de Harry Langdon, une certaine malice sous les lunettes d'écailles de Harold Lloyd, le sourire niais de Stan Laurel et le rictus vaniteux d'Oliver Hardy. On voit bien alors que la singularité ne peut s'imposer de manière arbitraire. Elle ne serait alors qu'extravagance. Le génie des grands comiques est de découvrir, par une sorte de réduction à l'essentiel, une attitude humaine fondamentale, et d'en tirer toutes les conséquences.
Harold Lloyd dans Monte là-dessus (Safety Last, 1923 ), film muet de Fred Newmeyer.
Crédits : Evening Standard/ Getty Images
Ainsi, le vouloir-vivre de Chaplin-Charlot, sensible dès ses premières apparitions et qui sera le moteur constant de son œuvre : « La vie est aussi inévitable que la mort », dira-t-il dans Limelight.
Charlie Chaplin (1889-1977) et Buster Keaton (1895-1966) dans Limelight (Les Feux de la rampe), film produit et réalisé par Charlie Chaplin en 1952.
Crédits : Hulton Archive/ Getty Images
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Écrit par :
- Claude-Jean PHILIPPE : journaliste
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Pour citer l’article
Claude-Jean PHILIPPE, « BURLESQUE COMÉDIE, cinéma », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 03 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/comedie-burlesque-cinema/