COLOMBIE

Nom officiel

République de Colombie (CO)

Chef de l'État et du gouvernement

Iván Duque (depuis le 7 août 2018)

Capitale

Bogotá

Langue officielle

Espagnol

Unité monétaire

Peso colombien (COP)

Population (estim.) 49 592 000 (2021)
Superficie 1 140 970 km²

La Colombie après la Violencia

Depuis la chute du dictateur Gustavo Rojas Pinilla, ni l'État ni la société, fortement déstabilisés par la guerre civile du milieu du xx e siècle, ne parviennent à rétablir durablement l'ordre autour de valeurs partagées. Ce constat repose, d'une part, sur la rapidité et la brutalité des évolutions sociales, le pays passant d'une économie rurale traditionnelle à une société urbanisée, orientée vers les activités tertiaires, et, d'autre part, sur la faiblesse des institutions publiques pour accomplir leurs tâches régaliennes et leurs fonctions de redistribution. Paramilitaires, autodéfenses, guérillas, « narcos » et criminels de droit commun ont commencé à prospérer dans les années 1970 pour mener, aujourd'hui, une véritable guerre à la société colombienne.

Le Front national, une solution politique à la Violencia

L'accord signé le 24 juillet 1956, à Benidorm (Espagne), entre les libéraux et les conservateurs pour mettre fin au conflit partisan de la Violencia était paradoxal. En effet, le rétablissement de l'État de droit se fit au prix d'un compromis qui niait la souveraineté populaire. Il fut convenu qu'un président conservateur succéderait à un président libéral durant quatre mandatures (1958-1974). Les deux partis devaient simplement se mettre d'accord sur la personne « désignée », candidat unique qui serait ensuite présenté aux suffrages du peuple, lequel n'aurait d'autre choix que d'accepter le fait accompli. Chaque parti contrôlerait, en outre, la moitié des postes dans les administrations publiques, chaque gouvernement comporterait des membres des deux camps. Ce système, baptisé Front national (FN), inaugurait une longue période de cogestion partisane après des années de guerre civile entre libéraux et conservateurs.

Épuisée par la guerre, la population accepta ce compromis, avec une majorité écrasante (95,2 p. 100), lors du référendum du 1er décembre 1957. Malgré les pronostics pessimistes, le principe de l'alternance fonctionna : aux libéraux Alberto Lleras Camargo (1958-1962) et Carlos Lleras Restrepo (1966-1970) succédèrent respectivement les conservateurs Guillermo León Valencia (1962-1966) et Misael Pastrana Borrero (1970-1974). Le succès provisoire de cette « démocratie restreinte » (expression du sociologue Daniel Pécaut) fut de garantir une paix relative dans le pays. Vers le milieu des années 1960, les dynamiques de la Violencia s'épuisaient. Le FN opéra, en ce sens, une synthèse des valeurs de la République libérale (1930-1946) et de celles de l'ordre conservateur (1948-1956) en favorisant la dépolitisation de la société. La promotion d'un gouvernement de technocrates devait neutraliser les passions politiques. Mais c'est surtout la modernisation urbaine et industrielle du pays qui permit de remettre en question les traditions marquées par l'autoritarisme et l'intolérance.

Du monde agraire à la prédominance urbaine

Le FN renforça un type d'autorité fondé sur le patronage et la cooptation clientéliste des secteurs populaires. Ces réseaux de pouvoir, souvent appuyés sur les liens familiaux, organisaient la sphère économique, notamment au sein des corporations patronales (Association nationale des chefs d'entreprise de Colombie, Association bancaire et d'organismes financiers de Colombie, etc.). Parallèlement, le développement de l'administration permit la lente modernisation de la puissance publique, toutefois largement instrumentalisée par les clans, qui accompagna les progrès de l'économie.

L'économie resta fondée sur l'agriculture, et notamment sur la production de café qui représentait encore 60 p. 100 des exportations au début des années 1970 (93 p. 100 dans la seconde moitié des années 1950). Les régions[...]

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Pour citer cet article

E.U., Marcel NIEDERGANG, Olivier PISSOAT, Clément THIBAUD, « COLOMBIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Colombie : carte physique

Colombie : carte physique

Colombie : carte physique

Carte physique de la Colombie.

Colombie : drapeau

Colombie : drapeau

Colombie : drapeau

Colombie (1861). Trois bandes horizontales jaune, bleue et rouge – la jaune occupant toute la moitié…

Bogota (Colombie)

Bogota (Colombie)

Bogota (Colombie)

Le centre d'affaires international et bancaire dans la ville nouvelle de Bogota, capitale de la…

Autres références

  • COLOMBIE, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ALTIPLANO

    • Écrit par Olivier DOLLFUS
    • 3 012 mots
    • 3 médias

    Une partie des Andes est occupée par de hautes plaines, appelées altiplano, dont on distingue plusieurs types, de la Bolivie à la Colombie. L'Altiplano péruvo-bolivien est un ensemble de hautes plaines, entre 3 600 et 4 200 mètres, coupées de petits chaînons montagneux, qui s'étire[...]

  • AMÉRIQUE LATINE - La question indienne

    • Écrit par David RECONDO
    • 15 534 mots
    • 2 médias
    [...]les Assemblées constituantes des pays concernés, les réformes n'auraient pas été aussi marquées en ce qui concerne les droits des peuples originaires. Le cas le plus exemplaire est celui de la Colombie où, malgré leur faible poids démographique (moins de 2 p. 100 de la population totale), les Indiens,[...]
  • AMÉRIQUE (Histoire) - Amérique espagnole

    • Écrit par Jean-Pierre BERTHE
    • 120 195 mots
    • 13 médias
    [...](1818-1819). En juillet 1819, il franchit les Andes, défit les Espagnols à Boyaca (7 juillet) et prit Bogotá (10 août) où il proclama la république de Colombie. En décembre 1819, le congrès d'Angostura, où figuraient des députés colombiens, approuvait la loi fondamentale de la république de Colombie qui[...]
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 132 861 mots
    • 23 médias
    Les bassins de Colombie et du Venezuela ont une profondeur moyenne de 4 000 mètres. Ils possèdent une croûte océanique anormalement épaisse (de 15 à 20 km), considérée d'âge jurassique supérieur à crétacé inférieur (de 150 à 125 Ma), recouverte par d'épais épanchements basaltiques dont le sommet (qui[...]
  • ANDES CORDILLÈRE DES

    • Écrit par Jean-Paul DELER, Olivier DOLLFUS
    • 60 291 mots
    • 5 médias

    La cordillère des Andes étend ses reliefs en bordure de l'océan Pacifique, entre la mer des Caraïbes et la Terre de Feu sur environ 2,5 millions de kilomètres carrés – une superficie très proche de celle formée par les Himalayas et le plateau du Tibet –, et elle est présente sur les territoires[...]

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