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COGNITION

Intelligence artificielle et sciences cognitives

Vers le milieu du xxe siècle, l'invention des premiers ordinateurs programmables et la cybernétique amènent à considérer ensemble le cerveau, l'esprit et la machine. L'intelligence artificielle offre des outils conceptuels, des méthodes et des machines à des disciplines très différentes. Si les neurosciences, la psychologie, la linguistique ou la philosophie participent naturellement à cette approche, l'attribution de compétences cognitives aux animaux génère encore des résistances. Les défenseurs de la cognition animale s'appuient sur les capacités des singes à raisonner, à se représenter et à concevoir des procédures pour résoudre des problèmes. Mais leur incapacité à apprendre un langage oppose les psychologues de l'animal et les linguistes qui rejettent l'idée d'une cognition qui ne serait pas associée à un véritable langage, freinant ainsi le développement d'une éthologie cognitive.

À la fin du xxe siècle, les sciences cognitives s'organisent en structures plurisciplinaires qui regroupent la philosophie (logique), la psychologie, l'anthropologie, la linguistique, l'intelligence artificielle et les neurosciences. Les recherches sur la cognition se développent de façon très importante mais l'idée de l'appliquer à l'animal reste controversée. L'accroissement des compétences et de la puissance des ordinateurs permet de modéliser et de simuler des opérations naturelles inspirées des modèles biologiques, indifféremment animaux et humains, révélés par la neurophysiologie et l'éthologie. Le succès des sciences cognitives de l'artificiel brise finalement les dernières barrières autorisant les zoopsychologues et les éthologistes à parler librement de cognition animale. Les expérimentations sur les opérations mentales des animaux profitent du développement technologique et y contribuent. On raisonne maintenant en termes de processus dont les neurosciences recherchent les mécanismes sous-jacents dans les systèmes nerveux qui traitent des informations.

La notion de cognition est aujourd'hui au carrefour entre sciences humaines, informatique et biologie. Elle réunit les neurosciences et les sciences du comportement (neuropsychologie, psychophysique, psychologie, éthologie), la sociologie et la psychologie sociale, la linguistique et les sciences de l'artificiel (intelligence artificielle, modélisation et robotique), dans le cadre coopératif des sciences cognitives.

Du latin cognitio, qui signifie l'acte d'apprendre, la cognition désigne plus spécifiquement en langage scientifique ce que nous nommons habituellement par le terme « pensée ». La cognition se compose ainsi de représentations mentales, de perceptions, de souvenirs, d'images, de croyances et intéresse un grand nombre de disciplines dont le point commun est d'en décrypter le fonctionnement. Sous le nom de sciences de la cognition ou sciences cognitives sont réunies des disciplines telles que la psychologie, les neurosciences, l'intelligence artificielle, la philosophie de l'esprit, l'anthropologie, l'éthologie, ce qui marque le caractère pluridisciplinaire de cette approche.

Rompant avec la tradition behavioriste ou comportementale, qui interprète les comportements comme de simples réponses conditionnées à des stimuli, les sciences de la cognition vont, au contraire, s'intéresser aux événements internes survenant entre le stimulus et la réponse. La nouvelle ère de la cognition a donc ouvert la « boîte noire » à laquelle la psychologie comportementale refusait de s'intéresser. Analyser les phénomènes internes de « traitement de l'information » qui opèrent entre la venue d'un stimulus et la réponse produite par l'individu n'inscrit pas pour autant l'étude de la cognition dans le champ de la subjectivité. Cette prospection[...]

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