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CLONE ET CLONAGE, notion de

Le terme « clone » (du grec klôn, « pousse ») a été introduit dans le langage de la biologie au xxe siècle pour désigner un ensemble d'individus génétiquement semblables provenant d'un organisme unique par reproduction asexuée. Durant près de trois milliards d'années – depuis l'apparition de la vie sur Terre, il y a 3,5 à 4 milliards d'années, jusqu'à l'émergence de la sexualité, il y a environ 1 milliard d'années – le clonage fut le seul mode de reproduction sur notre planète. Encore très actif chez les plantes et les micro-organismes, ce type de reproduction engendre des individus sensiblement identiques à partir d'un ancêtre unique commun. À l'inverse, la procréation sexuée, adoptée par la quasi-totalité des animaux et des végétaux, est le processus par lequel deux êtres dissemblables, un mâle et une femelle, mélangent leurs caractères de façon aléatoire. On parle alors de la « grande loterie de l'hérédité » capable de produire une immense variété de descendants différents les uns des autres et de leurs parents.

Le mythe du clonage

Le mythe de la production asexuée de mammifères, dont l'homme ou du moins des créatures à forme humaine, est extrêmement ancien. Au xvie siècle, Paracelse décrit la recette de la production d'homoncules (homunculi) et fait référence à des auteurs de l'Antiquité. À cette époque, on peut également citer le Golem de la Kabbale juive, décrit par le rabbin Loeb de Prague. Plus près de nous, imaginé en 1932 par Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes, le procédé Bokanovsky, qui permet à un œuf fécondé in vitro de bourgeonner pour engendrer de huit à quatre-vingt-seize embryons, est un clonage reproductif garantissant une parfaite stabilité sociale. Des cohortes d'êtres identiques, appartenant à différentes catégories utilitaires distinctes (des alphas aux epsilons), sont parfaitement adaptés à la réalisation des tâches pour lesquelles ils ont été conçus.

Après la Seconde Guerre mondiale, les romans de science-fiction utilisant explicitement le mot clone deviennent légion et aboutissent à lui conférer un sens commun différent de sa signification scientifique : le clone se réfère non plus à l'ensemble des êtres identiques, mais au double de certains individus. Par exemple, le Polonais Stanislas Lem propose pour la première fois, dans son livre Summa technologiæ (1963), de produire des doubles clonés d'êtres humains afin de leur servir de réserves d'organes à greffer. Dans son best-seller Ces garçons qui venaient du Brésil (1976), Ira Levin imagine que quatre-vingt-quatorze clones de Hitler sont élevés de sorte que leur environnement affectif et psychologique soit propice à l'émergence d'une personnalité similaire à celle du Führer défunt. Le mythe est alors si bien établi que lorsque David Rorvik fait paraître À son image, le clonage d'un homme (1978), où il décrit la reproduction asexuée d'un milliardaire excentrique, le public se rue sur l'ouvrage dans lequel il voit le récit d'une histoire authentique.

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Écrit par

  • : président de la Commission du génie biomoléculaire, directeur de recherche à l'I.N.S.E.R.M.

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