CLONAGE
Le clonage à finalités thérapeutiques chez l'homme
L'importance de la question éthique soulevée par la perspective d'application du clonage à l'homme a rapidement conduit à distinguer le clonage reproductif, aboutissant à la naissance d'un individu, du clonage non reproductif – dit clonage à finalités thérapeutiques – se limitant à la production de cellules embryonnaires. Dans le premier cas, on laisse le noyau initial participer à toutes les étapes du développement, apportant ainsi la preuve qu'il a pu retrouver l'état totipotent du noyau de l'œuf fécondé. Dans le second cas, on interrompt cette reprogrammation des étapes du développement très tôt, avant l'implantation, alors que l'embryon a atteint le stade blastocyste. À ce stade, les cellules, qui auraient donné plus tard le fœtus, se multiplient activement. Placées en culture, elles peuvent continuer à se diviser tout en restant à l'état indifférencié. Mais elles ne sont plus capables de s'organiser entre elles pour former un embryon. On les appelle les cellules souches embryonnaires ou cellules ES (embryonic stem cells). Si, chez la souris, on introduit ces cellules dans un blastocyste, que l'on implante ensuite dans l'utérus d'une femelle receveuse, on constate que les cellules ES sont capables de se différencier en de très nombreux types cellulaires et de contribuer à tous les tissus du fœtus (cf. cellules souches). C'est ce potentiel élevé de différenciation qui fait que ces cellules sont dites pluripotentes. On commence aujourd'hui à savoir orienter leur différenciation en culture in vitro pour obtenir, par exemple, des lignées de cellules nerveuses, musculaires ou sanguines. Ces lignées pourraient s'avérer très précieuses pour reformer des tissus déficients par greffes ou injections dans un tissu lésé. Plusieurs équipes de recherche ont montré qu'on pouvait aussi obtenir des lignées de cellules ES à partir de blastocystes de souris eux-mêmes issus de clonage. Ces cellules ES ont alors le même génotype que celui de la souris d'où provient la cellule donneuse de noyau. Transposée à l'homme, cette approche permettrait d'obtenir des cellules pluripotentes génétiquement identiques au patient donneur. Après différenciation en culture, ces cellules pourraient être utilisées pour des thérapies tissulaires, sans risque de rejet immunitaire. C'est cette perspective qui fait que l'on parle de clonage à finalités thérapeutiques.
Des données obtenues en 2006, presque simultanément et indépendamment, par l'équipe de Rudolph Jaenisch du Whitehead Institute de Boston (États-Unis) et celle de Teruhiko Wakayama du Riken Institute de Kobé (Japon) ont clairement montré, chez la souris, que des lignées de cellules ES pouvaient être produites relativement facilement à partir de blastocystes clonés et, surtout, que celles-ci étaient en tout point semblables à des cellules ES issues d'embryons fécondés. Ces résultats étaient inattendus car les blastocystes clonés ont un très faible potentiel de développement in vivo, après transplantation dans une femelle receveuse. Ils vont contribuer à renforcer les recherches sur le clonage thérapeutique chez l'homme. Ces applications sont toutefois encore lointaines car s'il subsiste quelques cellules indifférenciées, voire une seule, il y aura risque de formation d'une tumeur. Elles se heurtent aussi à des oppositions éthiques car le clonage à finalités thérapeutiques implique le recours à des ovules auprès de femmes volontaires et donc à la création d'embryons humains. La révélation au public, en novembre 2005, de résultats frauduleux publiés en février 2004 dans la prestigieuse revue Science par une équipe coréenne a jeté un discrédit sur les recherches visant au clonage thérapeutique[...]
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Écrit par
- Didier LAVERGNE : docteur en médecine
- Jean-Paul RENARD : directeur de recherche honoraire de l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académie d'agriculture de France
Classification
Médias
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DOLLY
- Écrit par Jean-Paul RENARD
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En juillet 1996 naissait, dans les laboratoires du Roslin Institute d'Édimbourg (Écosse), le premier mammifère cloné, la brebis Dolly, obtenu par transfert du noyau d'une cellule somatique (cellule adulte non sexuelle, ici une cellule de mamelle) dans un ovocyte (ovule) préalablement énucléé. Cette...