- 1. Capitalisme et économie de marché : de Braudel à Polanyi
- 2. La construction d'un marché des produits, une construction sociale
- 3. La formation d'un marché international des produits
- 4. Organisations et institutions du marché
- 5. Facteurs de production et économie de marché au XIXe siècle
- 6. Concurrence et économie de marché
- 7. L'État est-il l'ennemi de l'économie de marché ?
- 8. Bibliographie
CAPITALISME Histoire
Organisations et institutions du marché
L'économie de marché n'a jamais fonctionné sans organisations ni institutions. Pour faire fonctionner le marché, il faut connaître les caractéristiques de l'offre et obtenir des informations sur la demande afin de ne pas fixer les prix en aveugle, sur la nature et la qualité des produits. Les prix sont des « signaux » difficiles à interpréter : un apprentissage était nécessaire pour que les producteurs et les marchands en soient capables. Pour rendre le marché plus lisible et diminuer le risque, les opérateurs ont constitué des structures d'intermédiation, en un premier temps informelles, des réseaux de personnes. La construction de l'économie de marché au xixe siècle, par établissement d'une continuité sociale de la consommation des produits et d'une continuité spatiale de leurs aires de vente, fut le résultat des efforts des producteurs et des intermédiaires. Les réseaux fondés sur la famille et une confiance développée par de longues relations mutuelles en ont été les principaux agents : réseaux d'information, de financement et de solidarité financière.
Ces réseaux combinaient la fonction commerciale, qui en raison des difficultés d'information et de la personnalisation des circuits de commercialisation dominait l'économie à l'époque proto-industrielle, et la fonction productive, sans qu'il soit toujours aisé de savoir à partir de quel pôle l'intégration se fit. Mais à long terme, dès la seconde moitié du xixe siècle, l'évolution fut en faveur d'un pouvoir accru des industriels, assurant eux-mêmes la distribution ou affirmant leur individualité par les marques commerciales.
Les réseaux informels d'industriels et de négociants ont très tôt dans le xixe siècle ressenti le besoin d'institutions. Celles-ci renforçaient la solidarité entre membres et permettaient de réaliser des économies sur les coûts d'information, en faisant un choix entre une concurrence qui utilisait les inégalités d'information comme arme, ou une mise en commun de l'information en partageant les coûts. Les entrepreneurs et négociants français ont ressenti un vide institutionnel au lendemain d'une révolution qui a rompu les corps intermédiaires qui structuraient les professions sous l'Ancien Régime. Ils se hâtèrent de réformer des institutions comme les chambres de commerce, dont une des fonctions était d'améliorer l'information sur les marchés intérieurs ou extérieurs, d'aider à la création de normes en matière de produits. Ces organisations professionnelles réduisaient le coût de l'information. Comme l'économie sur le coût d'information était d'autant plus grande que le marché envisagé était lointain, une situation d'équilibre instable s'établit dans la seconde moitié du xixe siècle entre l'information sur les marchés étrangers, qui était mise en commun et dont le coût était partagé, et l'information sur le marché intérieur, qui était davantage laissée à l'initiative de chaque industriel ou marchand grossiste. Puisque l'information sur les marchés étrangers tendait à devenir un « bien public » – au sens de la théorie –, la logique incitait à faire supporter son coût par l'État, au travers des réseaux consulaires qui renseignaient sur les possibilités de vente dans les pays étrangers.
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Écrit par
- Patrick VERLEY : docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Paris-I
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