CANADACadre naturel
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Capitale | Ottawa |
Langues officielles | anglais, français |
Unité monétaire | dollar canadien (CAD) |
Population | 38 148 000 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 9 984 670 |
Primauté du Nord dans la géographie canadienne
S'il est une question qu'il faut bien se garder de poser, c'est de savoir où commence le Nord au Canada... Au poète québécois Pierre Morency, qui écrit à propos de sa province : « Le Nord n'est pas dans la boussole, il est ici », répond en écho le géographe Louis-Edmond Hamelin, qui pense que « le Nord est un état mental ». En fait, qu'elle soit idéalisée ou trop pessimiste, la vision que l'on a des espaces nordiques s'applique à une étendue qui correspond à tout ce qui n'est pas la zone peuplée jouxtant la frontière étatsunienne et qui peut se résumer à une trilogie associant au climat froid la prédominance du peuplement amérindien et une population spatialement très clairsemée.
Dans les faits, le Nord est bien autre chose que le trinôme territoire du Yukon-Territoires du Nord-Ouest-Nunavut et que les basses températeures aggravées par la longue nuit de l'hiver arctique. Contexte global aux aspects physiques, humains et économiques singuliers, le monde nordique, trop facilement assimilé à l'espace de l'Arctique, est avant tout une étendue sans arbre et, pour une part considérable, sans sol. Plus on monte en latitude, plus l'immensité glacée prend de l'ampleur, au point qu'il devient difficile d'apprécier les distances. Malgré tout, cela ne doit pas laisser croire que le relief est rigoureusement horizontal !
Dans ces vastitudes, où toute notion d'échelle semble inimaginable, une grande variété de paysages géomorphologiques s'offre au visiteur : montagnes englacées ou laissant apparaître une topographie de fjell sur l'île de Baffin, fjords au fond desquels les glaciers vêlent pour alimenter en icebergs l'océan dégelé ; dans les régions centrales, en apparence plates et monotones, la surface du bouclier est criblée de lacs que séparent de belles roches moutonnées ou que relient entre eux des rivières ponctuées de rapides. Aux modelés glaciaires contemporains ou hérités s'ajoutent les manifestations des processus morphogénétiques périglaciaires : en été, vus du ciel, les milliers de kilomètres carrés recouverts par la toundra apparaissent fréquemment sous la forme d'un carrelage savamment ajusté, tant les polygones qui la caractérisent ont des formes régulières. À même le sol, là où le permafrost cède la place à une mince épaisseur dégelée, foisonnent les thufurs (buttes gazonnées), tandis que dans le delta du Mackenzie se rencontrent les plus gros pingos que l'on connaisse au monde. Celui de Ibyuk Hill est haut de 40 mètres, et sa circonférence à la base dépasse 900 mètres. Dans les secteurs où la topographie est plus accidentée, les versants réglés peuvent être interrompus par des replats goletz alors qu'à leur base les effets de la solifluxion engendrent de remarquables coulées qui se traduisent par une surface bosselée. L'absence ou la maigreur du tapis végétal favorisent la contemplation de paysages morphologiques dont le Nord est un authentique conservatoire ; pourtant, ce sont bien souvent les éléments du climat qui saisissent le visiteur lorsqu'il débarque en provenance du « Sud ».
Paysage de toundra dans le nord-ouest du Canada.
Crédits : G. Cappelli/ De Agostini/ Getty Images
L'identification première du Nord, c'est le très bas niveau des températures hivernales que vient encore souligner leur durée, accentuée par l'impression pénible introduite par la nuit polaire. Cependant, une donnée moins connue réside dans le contraste marqué entre l'hiver et l'été. On peut être étonné par l'emploi du terme « été », mais l'expression de « climat sans été » pour décrire les hautes latitudes se révèle fausse à ceux qui ont parcouru le Nord en toutes saisons. Certes, il ne faut pas prêter à la durée du jour estival au-delà du cercle arctique plus de vertus qu'elle ne peut fournir. C'est elle néanmoins qui explique qu'à Aklavik la moyenne des températures de juillet se hisse à 13 0C, tandis que, à Holman Island sur l'île de Victoria, elle n'est plus que de 6,8 0C du fait de la latitude plus haute. Malgré tout, des confins de l'Alaska aux rivages orientaux vis-à-vis du Groenland, c'est l'hiver qui accapare l'essentiel de l'année. De Churchill à Iqaluit, de Dawson City à Cambridge Bay, c'est la même symphonie des températures très froides, des blizzards violents et durables et des faibles quantités de précipitations (136 mm/an à Resolute Bay). Ces totaux dérisoires sont, pour une part infime, le fait de pl [...]
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Écrit par :
- Pierre DANSEREAU : professeur émérite à l'université du Québec, Montréal
- Henri ROUGIER : agrégé de géographie, docteur d'État, professeur des Universités
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Pour citer l’article
Pierre DANSEREAU, Henri ROUGIER, « CANADA - Cadre naturel », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 avril 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/canada-cadre-naturel/