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AUTISME (PRISE EN CHARGE DE L')

Pourquoi une polémique ?

Depuis quelques années, une polémique, parfois assez vive, s'est instaurée à propos de la manière de prendre en charge l'autisme. L'explosion du nombre de cas de troubles autistiques est une des racines de la polémique : une fréquence proche de 1 p. 100 pose un problème financier et institutionnel majeur en santé publique. La deuxième concerne l'efficacité. Quelle méthode est efficace pour la prise en charge des enfants autistes ? Comment apprécie-t-on l'efficacité d'une prise en charge ? D'ailleurs, de quelle efficacité parle-t-on ? De socialisation ou d'une meilleure communication relationnelle ? Il n'y a pas de solution autorisant l'espoir d'une guérison, et le rapport de la Haute Autorité de santé du 8 mars 2012 insiste sur l'efficacité et met en garde : on dispose seulement de solutions, partielles, souvent temporaires, d'efficacité variable selon les sujets.

Ce débat sans réponse claire se double d'un problème institutionnel. Face au secteur public largement tenant de la psychodynamique, mais y associant de plus en plus le cognitivo-comportementalisme, des associations ont créé leurs propres structures comportementalistes et souhaitent dès lors un financement de l'État, ce que ce dernier ne peut réaliser qu'en faisant un choix. Les aspects économiques sont certainement la troisième racine de la polémique. Enfin, le débat sur la prise en charge du jeune autiste s'ajoute au fait que la France se trouve en grand retard par rapport aux autres pays occidentaux pour la mise en place de structures adaptées à ce type de handicap, surtout après l'adolescence (la prise en charge publique cesse à seize ans), ce qui crée dans les familles concernées des difficultés souvent dramatiques. De nombreux adolescents autistes sont ainsi pris en charge en Belgique, bien mieux équipée, faute d'institutions adaptées en France. Pallier ces insuffisances est un des buts du Plan autisme 2013-2017.

Maladie (surtout pour les psychiatres) ou handicap (surtout pour les familles), par quelque angle qu'on aborde le problème de l'autisme, quelle que soit la méthode privilégiée, la prise en charge sera longue et sans garantie de résultats. Il n'y a pas vraiment lieu d'opposer les techniques d'apprentissage, dont le but est d'optimiser les acquisitions, aux soins, qui visent à permettre une meilleure communication de l'autiste avec son entourage. Pour le praticien, il est nécessaire d'adapter chaque prise en charge à la spécificité des troubles de l'enfant en y associant au mieux les familles. La meilleure preuve de la nécessité d'une prise en charge par plusieurs intervenants se trouve dans les recommandations du troisième Plan autisme de 2013, qui, reprenant les propositions de la Haute Autorité de santé concernant le choix éducatif plutôt que psychanalytique, est explicite quant à la nécessité d'une prise en charge individualisée de chaque enfant, ce qui implique de facto une pluralité de méthodes.

— Marie-Ève HOFFET

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Écrit par

  • : docteure en psychologie, unité INSERM 669, praticienne hospitalier en psychiatrie

. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )

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