ASIE DU SUD-EST (art et archéologie)Les grands empires
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Les modes de notre connaissance
Dégager des traits pertinents impose, d'abord, un bilan critique de notre savoir. L'histoire de l'Asie du Sud-Est compte à peine un siècle. Certes, elle a obtenu des résultats considérables : des civilisations aussi fascinantes que celles d'Angkor ou de Borobuḍur, inconnues même de nom d'un Michelet, sont devenues de banals produits de tourisme... Notre connaissance est encore modeste du fait de cette jeunesse, de l'immensité du champ, du petit nombre de chercheurs. Si du temps des empires coloniaux quelques institutions et leurs chercheurs se consacraient systématiquement à cette recherche, depuis les années cinquante ces équipes tendent à diminuer sans que les érudits locaux aient partout pris la relève, qui doivent d'abord faire face à des tâches d'enseignement, quand ils ne sont pas bridés par les nationalismes. Obstacles d'autant plus regrettables que cette partie du monde, véritable creuset de l'histoire, devrait être le champ de recherches intensives, archéologiques notamment, car peu de terrains sont aussi prometteurs et significatifs.
Par ailleurs, les premiers orientalistes étaient indianistes ou sinologues. C'est à travers les inscriptions en sanskrit, les histoires chinoises qu'ils posèrent les bases de notre connaissance, de même qu'ils reconnurent aisément sivaïsme, bouddhisme ou taoïsme dans les traductions indigènes de leurs canons, les temples et les images partout dressés. Cette approche permit, très rapidement, de tisser la trame historique puis de rédiger des manuels, qui nous servent toujours. Mais il en est également résulté qu'on a trop souvent considéré les pays de la diaspora comme de simples « colonies culturelles », d'un intérêt moindre que leurs matrices. Comme d'autre part l'Inde, la Chine fascinent – et à juste titre –, les rares Occidentaux voués à ces études s'y consacrent en priorité, laissant bien peu de bonnes volontés pour l'Asie du Sud-Est. Il convient, de toute façon, de corriger ces premières approches, et aux termes mêmes qu'elles présupposaient. Grâce aux progrès des études, on commence à mieux [...]
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Écrit par :
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
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Pour citer l’article
Bernard Philippe GROSLIER, « ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) - Les grands empires », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/asie-du-sud-est-art-et-archeologie-les-grands-empires/