ARMESArmes lourdes
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L'artillerie et les projectiles explosifs
Le canon
Le canon atteignit une première maturité dès les débuts du xvie siècle avec la pièce de bronze coulé et l'affût à dispositif de pointage en site, monté sur roues à escuage. Il ne changera pas fondamentalement jusqu'à la seconde moitié du xixe siècle. Dans les faits, les améliorations furent nombreuses ; par exemple l'alésage de l'âme remplaçant la mise en place du noyau de coulée (technique du xviie siècle, encore perfectionnée par Maritz en 1740) ; l'invention du train avant vers 1640 ; l'amélioration du pointage, par vis sous affût en 1757 ; la standardisation des calibres du système Vallière en 1732 ; celle des matériels en 1765 par Gribeauval – matériels qui seront encore utilisés après la Révolution et l'Empire. Mais, encore une fois, fondamentalement le canon de la première moitié du xixe siècle descendait des pièces employées à Marignan.
Toutefois le canon n'est que le moyen de lancement : l'arme de l'artilleur est le projectile. À cet égard, après le boulet de pierre puis celui de fonte, c'est vers 1600 que l'on imagina le projectile explosif (à mèche), sous deux formes : la grenade à main et la bombe de mortier, tirée en trajectoire plongeante, c'est-à-dire parabolique à courte portée. Vers 1640, on imagina de combiner la bombe explosive, de petit calibre, avec le canon : c'était l'obus, relativement peu utilisé pendant longtemps car de mise en œuvre plus difficile que le boulet. Le temps passant, on créa des bouches à feu spéciales pour l'obus ; comme pour le mortier, la chambre avait un calibre plus réduit que l'âme, et le tube était plus court que celui d'un canon : la trajectoire, peu tendue, permettait d'atteindre des réserves abritées des boulets par une colline. Frédéric II fut le premier grand utilisateur de l'obusier.
En 1822, constatant la faible efficacité des boulets pleins de la marine, sur les coques, le Français Paixhans proposa de les remplacer par le tir horizontal d'obus explosifs et prévoyait que cette innovation imposerait de cuirasser les vaisseaux. Il fallut trente ans pour que ces idées passent dans la pratique courante.
Le shrapnel, obus contenant des balles et explosant en cours de trajectoire, date de 1827 ; la difficulté était de régler la mèche pour une durée très précise.
À partir du milieu du siècle, les canons d'acier remplacèrent peu à peu ceux de bronze ; d'abord dans la marine, qui pouvait accepter la masse d'un robuste frettage, puis dans l'artillerie terrestre. Peu après, le projectile sphérique fut remplacé par l'obus cylindro-conique à fusée percutante, tiré à travers un tube rayé, et le chargement se fit par la culasse. Mais le tir restait lent – de l'ordre de 1 coup par minute – en raison du recul qui obligeait à repointer la pièce après chaque coup. La solution au tir rapide fut trouvée dans l'accouplement de la pièce à son affût par l'intermédiaire d'un frein absorbant progressivement ce recul. Le premier et longtemps le seul système donnant entière satisfaction fut celui du 75 mm modèle 97. Naturellement, il ne pouvait être question, pour des cadences dépassant 20 coups par minute, d'employer le système de la « gargousse » de poudre chargée après l'obus : le « coup complet » fut encartouché – douille de laiton semblable à un énorme étui de cartouche – pour calibres allant jusqu'au 105 mm. Depuis peu, et profitant d'une source d'énergie externe, le chargement de l'obus de plus gros calibre – 155 mm – et de sa gargousse rigide (douille) combustible sans résidus a pu être automatisé, faisant passer la cadence de 1,5 ou 2 à 6 coups par minute.
Le mortier géant Dictateur, utilisé par l'armée nordiste, pendant la guerre de Sécession, en 1865.
Crédits : David Knox/ Hulton Archive/ Getty Images
La bombe d'avion
La bombe d'avion a commencé par le jet, à la main, de petits obus munis d'un empennage de fortune. Puis des projectiles spéciaux furent produits, de masse croissante jusqu'à atteindre 10 t en 1939-1945. En l'absence du violent « choc » de départ de l'obus, il est possible de jouer sur la nature des bombes : parois minces et forte charge pour celles à souffle ; plus épaisses, éventuellement préstriées intérieurement, pour celles d'« usage général » et à « fragmentation » ; parois épaisses pour les « perforantes » (de béton armé, ponts blindés de navires, etc.).
Les grenades
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Écrit par :
- Alain BRU : ingénieur à l'École polytechnique, à l'École supérieure de gestion et à l'Institut national des sciences et techniques nucléaires (I.N.S.T.N.), général en deuxième section
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Pour citer l’article
Alain BRU, « ARMES - Armes lourdes », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/armes-armes-lourdes/