ARMÉE ROUGE, U.R.S.S.

Trotski et l'Armée rouge
Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images
Trotski et l'Armée rouge
Trotski (1879-1940) en compagnie de soldats de l'Armée rouge, en 1921.
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Après la révolution d'Octobre, le Conseil des commissaires du peuple adopte un décret concernant l'armée : tout le pouvoir est confié aux soviets et aux comités militaires, le commandement devient éligible et une armée permanente de volontaires est instaurée. Entre le 15 et le 28 janvier 1918 est signé le décret portant création de l'Armée rouge ouvrière et paysanne (R.K.K.A. : Raboče-Krest'janskaja Krasnaja Armija), incorporant les unités déjà existantes de la Garde rouge. Le 21 février, devant la poursuite de l'avance allemande, la patrie socialiste est déclarée en danger ; deux jours plus tard commence l'inscription en masse des volontaires. Le Conseil militaire supérieur de l'Armée rouge est créé le 4 mars. C'est à Trotski, nommé commissaire du peuple à la guerre à la mi-mars 1918, que revient la tâche d'organiser et de structurer la nouvelle armée. En avril, les commissariats militaires locaux sont créés, et un décret rend l'instruction militaire obligatoire ; en mai est institué un état-major panrusse. Le recrutement se tarissant à partir d'avril, un nouveau train de mesures est adopté : on supprime l'égilibilité du commandement, on introduit des « spécialistes », surtout des officiers d'état-major, de l'armée tsariste et, pour les contrôler, on les double de commissaires politiques. Avec le début de la guerre civile, le gouvernement bolchevique se voit confronté à la nécessité d'accélérer la formation de l'armée régulière. En juillet 1918, on décrète la mobilisation générale des hommes de dix-huit à quarante ans. La guerre civile impose la mise en place d'institutions temporaires telles que le Conseil militaire révolutionnaire de la République, un état-major de campagne, qui fusionne en 1921 avec l'état-major panrusse pour former l'état-major de l'Armée rouge ouvrière et paysanne, le Conseil de défense ouvrière et paysanne. Après la guerre civile commence le processus de restructuration parallèlement à la démobilisation qui s'achève en janvier 1924. Trotski est remplacé à la direction du Commissariat aux affaires militaires et maritimes, qui deviendra en 1934 Commissariat du peuple à la défense, par Frounze, auquel succède à la fin de la même année 1925 l'homme de confiance de Staline, Vorochilov. Partisan d'une armée traditionnelle, hostile à la modernisation, ce dernier appartient à une tendance qui s'oppose au sein du Commissariat du peuple aux conceptions novatrices de Toukhatchevski et de ses partisans. Les grandes purges staliniennes n'épargnent pas l'Armée rouge qui perd tous ses cadres supérieurs et une grande partie du corps des officiers. En 1939, le système de conscription de milice territoriale, qui existait depuis 1924-1925, est supprimé et remplacé par la « loi sur l'obligation militaire générale ». Les revers du début de la Seconde Guerre mondiale rendent nécessaires une réorganisation et un réarmement accélérés. Grades, uniformes et décorations sont modifiés et multipliés, l'Armée rouge prend le nom de Forces armées soviétiques, un Comité d'État à la défense (G.K.O. : Gosudarstvennyj Komitet Oborony) est créé. Ainsi restructurée, l'armée soviétique pourra finalement remporter la victoire dans la « grande guerre patriotique ».
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Écrit par
- Georges HAUPT : sous-directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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Pour citer cet article
Georges HAUPT, « ARMÉE ROUGE, U.R.S.S. », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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