ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques)L'archéologue et le terrain
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Archéologie programmée et archéologie préventive
La distinction, parfois trop binaire, entre archéologie dite programmée et archéologie préventive, est surtout liée aux procédures administratives d’intervention sur le terrain. La première s’effectue sans contrainte de temps ni menace de destruction. La seconde, que l’on appelait naguère « archéologie de sauvetage », est régie par un ou plusieurs aménagements qui pourront occasionner la destruction d’une partie ou de la totalité d’un site archéologique ; elle se trouve donc limitée dans le temps et l’espace.
Les contraintes de l’aménagement du territoire, comme la construction d’infrastructures de transport, d’énergie (par exemple, des barrages ou des centrales électriques), de zones commerciales, ou encore de lotissements, amènent à réaliser des fouilles préventives afin de prévenir la destruction de données archéologiques importantes. La responsabilité de la décision de réaliser ou non cette intervention incombe à l’État (en France, selon la loi no 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive).
Si l’archéologie préventive génère l’écrasante majorité des opérations (plus de 90 %), les liens sont toutefois multiples entre celle-ci et l’archéologie programmée. Il existe d’ailleurs de nombreux cas pour lesquels des opérations de fouille préventive et programmée se succèdent : une fouille programmée peut être décidée pour poursuivre la fouille d’un site en partie découvert lors d’une opération préventive ; une fouille préventive peut se dérouler sur un site déjà connu et fouillé, lors d’un aménagement ponctuel qui peut même être lié à sa valorisation (bâtiment d’accueil, musée, rampe d’accès pour handicapés, etc.). Les professionnels de l’archéologie ont également souvent des carrières qui peuvent les amener à travailler en archéologie préventive puis dans des organismes de recherche, et les passerelles sont possibles entre les deux. Un archéologue exerçant dans un établissement de recherche peut aussi travailler ponctuellement en archéologie préventive et être même responsable d’opérations de ce type. La programmation nationale de la recherche archéologique, synthétisée par la Commission nationale de la recherche archéologique (CNRA), tient compte de tous les types d’opérations et de leur apport respectif.
En France, les deux types d’opérations archéologiques sont reconnus par la loi de 2001, et le statut de l’Institut national de la recherche archéologique préventive (INRAP), établissement public, considère que celui-ci mène une activité de recherche. Les différences sont de fait surtout liées aux contraintes de temps d’intervention et à l’impossibilité de revenir sur le terrain une fois celui-ci « libéré » et rendu à l’aménageur. Elles sont aussi liées aux moyens mis en œuvre et aux financements dégagés, plus importants en archéologie préventive car liés à l’aménageur et aux prescriptions de fouille de l’État, qui doivent être respectées.
En ce qui concerne les fouilles programmées, des budgets de recherche sont mis à disposition par l’État au sein des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) et peuvent être complétés par des financements plus ponctuels émanant d’organismes de recherche, de collectivités, du mécénat, etc. La différence fondamentale en termes de personnel est aussi liée au fait qu’en archéologie préventive tous les intervenants sont rémunérés sur le budget de la fouille, alors qu’en fouille programmée les chercheurs interviennent sur leur temps institutionnel. Les bénévoles y sont parfois nombreux, l’été notamment, avec des étudiants stagiaires.
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Écrit par :
- François GILIGNY : professeur des Universités, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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Pour citer l’article
François GILIGNY, « ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologue et le terrain », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 21 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/archeologie-methodes-et-techniques-l-archeologie-de-terrain/