ALLEMAGNE (Histoire) Allemagne du XVIe et du XVIIe s.
L'Allemagne après la paix d'Augsbourg : la Contre-Réforme (1555-1618)
Les luttes religieuses et l'évolution politique

Maximilien II, empereur d'Allemagne (1527-1576)
G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images
Maximilien II, empereur d'Allemagne (1527-1576)
Maximilien II, empereur d'Allemagne (1527-1576). Copie. Huile sur bois. 32 cm X 23 cm. Musée…
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Protestants et catholiques n'acceptent la paix d'Augsbourg que comme une trève : seul l'Empereur peut la faire respecter. Ferdinand Ier (1556-1564) n'hésite pas à faire des concessions aux protestants quand les intérêts de l'Empire l'exigent. Maximilien II (1564-1576) ressemble à son père. Il est l'ami de plusieurs grands princes catholiques ou protestants et semble se rapprocher d'un christianisme érasmien. Il a besoin des protestants dans sa lutte contre les Turcs. Après la mort de Luther (1546), les oppositions théologiques ont affaibli les Églises protestantes.
Après treize ans d'efforts, Jacques Andreae, chancelier de l'université de Tübingen, dresse Le Livre de Concorde, publié en 1580, qui, un demi-siècle après la Confession d'Augsbourg, devient avec celle-ci les articles de Smalkalde, les deux catéchismes de Luther et les chorals de ce dernier, le document de base de la Réforme évangélique. L'Église catholique, un moment ébranlée, repart à la conquête du terrain perdu, selon le programme tracé dès 1554 par Ignace de Loyola à Pierre Canisius, apôtre de l'Allemagne.
Pendant les trente-six ans de son gouvernement, l'empereur Rodolphe II (1576-1612) voit glisser les grandes affaires d'entre ses mains. Kepler séjourne à sa cour, à côté, il est vrai, de charlatans et d'alchimistes. Il se retire encore jeune à Prague qui brille alors d'un vif éclat. Les rivalités politiques et religieuses grandissent dans l'Empire. Il n'y a plus de véritable Reichstag ; les autres organes du gouvernement sont affaiblis ; l'Empereur est en butte à l'hostilité de ses frères et des Électeurs de l'Empire : un parti catholique s'oppose au parti protestant, ce dernier comprenant les calvinistes, chaque parti essaie de tirer le maximum des accords de 1555. Cinq questions se posent : reconnaissance du calvinisme ; droit de passer à la Réforme pour les villes de l'Empire ; sécularisation de couvents et d'abbayes ; garantie de la Declaratio Ferdinandea pour les États ecclésiastiques d'Empire et reservatum ecclesiasticum. La lutte se circonscrit autour des évêchés de Cologne et de Strasbourg. Dans l' Union évangélique (16 mai 1608) se groupent les villes et les princes protestants, à l'exception de l'Électeur de Saxe et du duc de Brunswick-Wolfenbüttel. Maximilien de Bavière riposte par la constitution d'une Sainte Ligue (10 juill. 1609) à laquelle adhèrent les trois Électeurs spirituels et le pape Paul V que soutient Philippe III d'Espagne.
Au moment où les deux partis s'organisent, la succession de Clèves et de Juliers, d'une grande importance stratégique, offre une occasion de conflit ; une guerre générale peut éclater, l'Union évangélique ayant négocié l'intervention de Henri IV. L'assassinat du roi de France marque un temps d'arrêt et Marie de Médicis liquide l'affaire. Le traité de Xanten (1614) confirme le partage provisoire de la succession entre les prétendants sur les bases du statu quo ante. À la mort de Rodolphe (1612) lui succède son frère Mathias qui cède à Ferdinand de Styrie le trône de Bohême (1617). Catholique zélé, disciple des jésuites, Ferdinand, qui devient empereur le 28 août 1619, s'affirme en Bohême et dans l'Empire comme l'agent efficace et actif de la Contre-Réforme.
La hausse des prix, la poussée démographique et la nouvelle conjoncture économique et financière
Le siècle des Fugger n'a pas dépassé les années 1550-1560. Au capitalisme patrimonial et familial qui s'effondre dans les grandes faillites de 1557 succède un capitalisme financier, voire industriel, extérieur en grande[...]
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Écrit par
- Georges LIVET : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg
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Pour citer cet article
Georges LIVET, « ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s. », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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Luther
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Luther
Martin Luther vers 1521, selon une gravure de Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553).
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Autres références
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ALLEMAGNE - Les institutions
- Écrit par Stéphane SCHOTT
- 23 366 mots
Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz , du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre[...]
Voir aussi
- AUGSBOURG PAIX D' (1555)
- GUSTAVE II ADOLPHE (1594-1632) roi de Suède (1611-1632)
- CHRISTIAN IV (1577-1648) roi de Danemark et de Norvège (1588-1648)
- BANQUE HISTOIRE DE LA
- COMMERCE, histoire
- RÉFORME CATHOLIQUE CONTRE-RÉFORME ET
- FRÉDÉRIC V (1596-1632) électeur palatin (1612-1623) et roi de Bohême (1619-1620)
- AUGSBOURG INTÉRIM D' (1548)
- SAINTE LIGUE (1609)
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