AFRIQUE (Structure et milieu) Géographie générale

Géographie humaine et économique

Les hommes : peuples et cultures

À la lumière des connaissances actuelles en paléoanthropologie, l'Afrique apparaît comme le berceau de l'humanité. D'importantes découvertes de fossiles d'hominidés, caractérisés par la station debout et la marche bipède, ont été faites dans trois foyers principaux : l'Afrique du Sud, l'Afrique orientale et l'Éthiopie, le Tchad. Depuis la mise au jour, en 1924, de l'« enfant de Taung » (Afrique du Sud), de nombreux sites ont livré les restes d'australopithèques dont la célèbre Lucy (Australopithecusafarensis) exhumée dans l'Afar, en Éthiopie, en 1974, datée de 3,1 millions d'années. Depuis lors, de nouvelles découvertes en Tanzanie, au Kenya, en Afrique du Sud n'ont cessé de repousser dans le temps l'apparition des préhumains. Le record est actuellement détenu par Toumaï (Sahelanthropustchadensis) découvert en 2002 au Tchad, vieux de 6 à 7 millions d'années. À une époque moins reculée, autour de 2 millions d'années, le genre homo (Homo erectus, Homo ergaster) entreprend une première migration hors d'Afrique. La dernière vague migratoire, celle d'Homo sapiens dont les plus anciens spécimens ont été exhumés en Éthiopie, et datés de 195 000 ans, remonterait à environ 100 000 ans. Les 6 milliards d'êtres humains qui peuplent aujourd'hui la terre descendent de cet ancêtre commun issu du continent africain.

Types humains et « races » : des représentations controversées

L'unicité de l'espèce humaine n'empêche pas celle-ci de se subdiviser en groupes identifiables par des caractéristiques physiques héréditaires. Celles-ci ont été utilisées pour définir des races. L'Afrique au sud du Sahara est ainsi le continent des Noirs, par opposition à l'Afrique septentrionale peuplée de Blancs. Le terme de race pose aujourd'hui problème. De nombreux scientifiques le récusent au nom de l'unité de l'espèce, mais ce sont surtout des raisons historiques et politiques qui remettent en cause son usage, par suite des crimes commis par des idéologies racistes qui ont traduit différence par infériorité et trouvé dans la race une légitimation à leurs entreprises d'exploitation et, dans les cas extrêmes, d'extermination. Les débats passionnés autour de la responsabilité de l'Europe concernant la traite des esclaves et la colonisation brouillent la sérénité de l'analyse historique. Ils sont un contrecoup des difficultés d'intégration des migrants d'origine africaine, notamment en France. L'interférence des événements contemporains cristallisés autour de la question de l'immigration africaine avec la lecture du passé ajoute à la suspicion que suscite la notion de race. Il s'ensuit, en particulier, que l'usage des termes « noir » ou « nègre » est devenu très sensible au contexte politique. Fini le temps de l'enthousiasme pour l'art nègre, finie la revendication de la négritude proclamée par Léopold Sédar Senghor ou par Aimé Césaire.

Les hésitations sémantiques, révélatrices des difficultés présentes d'assumer le passé, ne peuvent toutefois occulter des réalités structurelles qui transcendent les remous de l'actualité. L'« Afrique subsaharienne », selon la nomenclature des Nations unies pour désigner les territoires situés au sud du Sahara, correspond à l'« Afrique noire », ainsi distinguée d'une Afrique du Nord à la population blanche. Cette répartition des hommes se calque sur les deux grands ensembles climatiques du continent : la première coïncide avec l'Afrique tropicale, la seconde avec l'Afrique tempérée. Les relations entre Blancs et Noirs ont eu, dans le passé, une importance géopolitique considérable ; elles constituent toujours un enjeu essentiel pour l'avenir de l'Afrique du[...]

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Écrit par

  • Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer

Classification

. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Socles africains

Socles africains

Socles africains

La structure du socle africain.

Afrique : géomorphologie

Afrique : géomorphologie

Afrique : géomorphologie

Les grands traits de la géomorphologie africaine.

Désert du Namib

Désert du Namib

Désert du Namib

Dunes de sable et végétation clairsemée dans le désert du Namib.

Autres références

  • ÉVOLUTION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DANS LE MONDE

    • Écrit par Yves GINGRAS
    • 3 611 mots
    • 16 médias
    ...l’Amérique. Quant à l’Asie, elle n’a pas vraiment modifié ses liens avec l’Europe et l’Amérique au cours des deux premières décennies du xxie siècle, signe que ces deux continents demeurent centraux sur le plan scientifique. Elle a cependant accru ses liens de collaboration avecl’Afrique et l’Océanie.
  • FRONTIÈRE

    • Écrit par Guillaume LACQUEMENT
    • 6 351 mots
    • 6 médias
    ...héritages coloniaux. Il se construit souvent en décalage avec la genèse des tracés, comme l’illustrent les frontières postcoloniales du continent africain. Les frontières africaines résultent d’un découpage rapide et exogène : les puissances européennes (notamment la France et le Royaume-Uni), rivales, mais...
  • NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE

    • Écrit par Nashidil ROUIAÏ
    • 4 923 mots
    • 3 médias
    D’autres critiques portent sur la nature des projets financés ou impulsés par la Chine à travers les Nouvelles Routes de la soie. L'Afrique du Sud s'est tournée vers la République populaire pour le financement à hauteur de 4 milliards de dollars de deux centrales à charbon. Pour sortir de la crise énergétique...

Voir aussi