AFRIQUE NOIRE (Arts)Un foisonnement artistique
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Diversité des arts africains
En Afrique noire, l'activité esthétique ne peut être ramenée à la seule création plastique. Les arts y sont divers, et l'univers esthétique forme un tout complexe, où différentes expressions combinées – musique, danse, poésie, architecture, parure, peinture et sculpture – se donnent libre cours en vue d'atteindre à une certaine maîtrise des forces surnaturelles. La sculpture n'est que la forme la plus accessible de cet ensemble.
Les arts du corps
L'homme a toujours eu le souci de décorer et de parer son corps, soit par des modifications ou des mutilations, soit par des scarifications, tatouages, peintures ou parures. L'Afrique ne fait pas exception. Certaines sociétés n'ont jamais eu d'activités sculpturales, mais n'en éprouvent pas moins la nécessité de parer et de peindre soigneusement, par exemple, les nouveaux initiés, le maquillage, qui nécessite souvent un remodelage préliminaire du visage (mutilations et scarifications provisoires, épilation), jouant le rôle d'un véritable masque (Kissi, Banda, Bakota). La coiffure est partout l'objet de soins attentifs. Les Fang du Gabon portaient autrefois une sorte de casque-perruque fait de fibres végétales tressées, entièrement décoré de cauris, de boutons de nacre et de perles de couleur. Chez les Ibo du Nigeria comme chez les Bakota du Gabon, les femmes portent des coiffures distinctives suivant leur statut social et initiatique.
L'art dans la vie quotidienne
Tous les objets usuels, si humbles soient-ils, supportent en général un élément décoratif destiné à les enjoliver, mais aussi à signifier quelque chose, leur appartenance à quelqu'un, leur fonction ou leur importance.
La poterie est l'apanage des femmes. En Afrique occidentale, la potière est l'épouse du forgeron. Le décor est pratiqué par incision, modelage ou peinture. L'Afrique ignore le tour, les seules techniques employées étant celles du moulage sur une forme, du montage au colombin ou du modelage direct. La cuisson se fait souvent sans four, à feu nu. Le filage est une activité féminine, le tissage le travail des hommes. On travaille essentiellement le coton, le raphia en forêt ou les fibres (« velours du Kasaï »). Le décor peut résulter du tissage même ou être surajouté par broderie, teinture ou impression, suivant divers procédés dont l'un des plus notables est le batik (ouest du Cameroun).
L'architecture
L'archéologie a décelé en Afrique un certain nombre de vestiges de cités anciennes construites en pierre : villes soudanaises de Koumbi-Saleh, Ouri, Aïn-Fara ; Engaruka près du lac Tanganyika ; enfin les nombreux sites de l'Afrique australe dont le plus imposant est l'ensemble de Zimbabwe. Mais les constructions traditionnelles plus récentes sont toutes faites de matériaux fragiles et peu durables tels que l'écorce, le bois, le pisé et la brique crue, souvent décorés de motifs peints ou traités en bas-reliefs, les issues pouvant être encadrées d'éléments sculptés surajoutés (Bénin, ouest du Cameroun).
La sculpture
Les expressions esthétiques les plus connues de l'Afrique noire sont des objets sculptés, masques et statues, qu'on peut étudier en eux-mêmes, mais qui, il ne faut jamais l'oublier, participent d'une expression d'ensemble, irréductible aux seules formes plastiques.
Les masques
« Mystérieux par nature puisque leur rôle immédiat [...] est de montrer en action des êtres ambigus, à la fois images et réalités, les masques sont en étroite relation avec l'initiation », écrit Michel Leiris. Les masques sont l'apanage des hommes, des initiés des classes d'âges et des associations secrètes. Dépositaires d'une force dont ils sont à la fois la représentation symbolique et le réceptacle, surtout au moment des danses rituelles, ils ne doivent être touchés ni par les femmes ni par les enfants. Les masques figurent la plupart du temps des êtres surnaturels, zoomorphes ou anthropomorphes, voire les deux à la fois, dont il convient de se protéger et de s'attirer les bonnes grâces. Ils relèvent directement de conceptions animistes où l'homme et le milieu dans lequel il évolue sont conduits par des forces invisibles qui les transcendent. L'essence même du masque, moyen de contrôle d [...]
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Écrit par :
- Louis PERROIS : ethnologue, directeur de recherche honoraire de l'Institut de recherche pour le développement (I.R.D., ex-O.R.S.T.O.M.)
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Pour citer l’article
Louis PERROIS, « AFRIQUE NOIRE (Arts) - Un foisonnement artistique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 août 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/afrique-noire-arts-un-foisonnement-artistique/