Inexprimé
- Adjectif masculin singulier
Définition
- qui n'est pas ou n'a pas été exprimé
"inexprimé" dans l'encyclopédie
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VOYAGE D'HIVER (F. Schubert)
- Écrit par Pierre BRETON
- 1 213 mots
- 1 média
Avec Schubert s'établit un intime accord entre le chant, la poésie et un accompagnement très novateur au piano, souvent plus suggestif qu'illustratif, qui donne vie aux mots et à l'inexprimé. Ces récits, scènes dramatiques et ballades affirment en outre une germanité qui ne peut, à l'époque, que difficilement s'exprimer en Autriche. Le Voyage d'hiver, cycle de lieder sur vingt-quatre poèmes de Wilhelm Müller composé en 1827, un an avant la mort du compositeur, mêle les thèmes schubertiens par excellence : errance, solitude, séparation, amour refusé et mort libératrice.
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Messe en si mineur, BACH (Jean-Sébastien)
- Écrit par Alain FÉRON
- 3 608 mots
Il s'agit d'une chaconne structurée sur 4 mesures au chromatisme descendant, répétées - symboliquement - 13 fois ; la treizième répétition fait taire les instruments sur et sepultes est («et a été enseveli»), en nous faisant partager l'inexprimé du «Tout est accompli» et l'espérance suscitée par la promesse spirituelle qui lui est associée. Texte Crucifixus etiam pro nobis, sub Pontio Pilato passus et sepultus est.
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MIMÉSIS, Erich Auerbach Fiche de lecture
- Écrit par François TRÉMOLIÈRES
- 4 325 mots
Le récit du retour d'Ulysse à Ithaque, dans l'Odyssée, ne laisse rien dans l'ombre, tant l'enchaînement des actions est sans mystère, sans arrière-plan ; dans la Genèse, le sacrifice d'Abraham suggère au contraire, par l'emploi d'un « style abrupt », elliptique, « l'inexprimé », « la complexité », il « appelle l'interprétation ». Le premier tend à la « légende », tout en étant plus descriptif et concret ; le second, plus énigmatique, tend à « l'histoire », à l'expression d'une « vérité » liée à l'intervention d'un Dieu invisible.
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VESAAS TARJEI (1897-1970)
- Écrit par Régis BOYER
- 4 503 mots
Un monde où les oiseaux savent parler aux cœurs simples — ils leur dictent de brûlants messages qu'ils impriment de leurs pattes menues dans la boue des fossés —, où les palais de glace transfigurent et, littéralement, enchantent la mort de petites filles saisies par la tempête de neige, où une caresse à la fois attentive et distraite le long du bras doré d'une grande jeune fille suffit à dissiper les angoisses des cœurs éperdus, un monde où tout se dit sans paroles, où ce qui compte reste, à coup sûr, inexprimé, un univers de gentillesse affligée par la méchanceté du sort, de fausse rudesse immanquablement dissipée sous les effets attendus de l'amour fort comme la mort — voilà ce que n'a cessé de dire Tarjei Vesaas, ce Norvégien encore trop méconnu en France et qui eût été tenu pour l'un des plus grands si une disparition brutale ne l'avait privé du prix Nobel qui lui était destiné l'année même où il mourut.
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LIED
- Écrit par Henry BARRAUD
- 17 729 mots
- 9 médias
Il donne vie à l'inexprimé. Si cette pensée est trop précise et trop rationnelle, elle ne fait plus la part du rêve, et la poésie se retire. La musique a ce privilège, lorsqu'elle s'associe à un texte, qu'elle ne précise rien, mais qu'elle donne au halo poétique un appoint de lumière. C'est là ce qu'on pourrait saisir sur le vif en analysant l'un des plus mystérieux lieder de Schubert, Du bist die Ruh, sur un poème de Friedrich Rückert, ou bien encore ce qui est sans doute son chef-d'œuvre, Der Doppelgänger (que l'on a souvent traduit assez bizarrement en France par Le Sosie au lieu de Le Double), dont le texte est de Heine.