TOLKIEN JOHN RONALD REUEL (1892-1973)
John Ronald Reuel Tolkien est né le 3 janvier 1892 en Afrique du Sud, à Bloemfontein, à l'époque capitale de l'État libre d'Orange. Lecteur précoce, passionné par les langues, il va devenir un philologue réputé et surtout un écrivain dont la renommée franchira les frontières grâce à un roman, The Lord of the Rings (1954-55, Le Seigneur des anneaux), qui marque profondément le paysage culturel du xxe siècle, en incluant des éléments mythologiques – empruntés notamment aux sagas nordiques – dans une narration précise et linéaire. Ce mélange de réalisme et de merveilleux a permis l'affirmation d'un genre, la fantasy, promis au plus grand succès.
L'imagination créatrice
En 1895, J. R. R. Tolkien quitte l'Afrique pour l'Angleterre avec sa mère et son jeune frère. Après le décès de leur père, la famille s'installe à Sarehole, près de Birmingham. À la mort de sa mère en 1904, l'enfant est pris en charge par un prêtre – la famille était convertie au catholicisme –, puis élevé par sa tante.
Dès sa jeunesse, J. R. R. Tolkien aime écrire des histoires et inventer des langages qu'il se plaît à doter d'une étymologie et d'une grammaire. Il exprime cette passion dans A Secret Vice (1931, repris dans Les Monstres et les critiques et autres essais). À l'université d'Oxford, il étudie la littérature anglaise, plus particulièrement l'anglo-saxon médiéval, et la philologie. Il se marie en 1916 avec Edith Brat et part pour la guerre, deux mois plus tard. Rapatrié sanitaire, c'est en convalescence qu'il commence à rédiger The Book of the Lost Tales qui deviendra The Silmarillion (1977, Le Silmarillion), l'œuvre qu'il ne cessera de remanier tout au long de sa vie, et qui ne sera publiée qu'à titre posthume.
Avant cela, Tolkien écrit The Hobbit, or There and Back Again (1937, Bilbo le Hobbit), qui trouve son inspiration dans une histoire qu'il racontait à ses enfants. Il s'agit de la quête burlesque et passionnante d'un groupe de nains accompagné d'un magicien, Gandalf, qui va chercher à reprendre un trésor volé par un dragon. Ils entraînent avec eux un hobbit, Bilbo, qui ne connaît rien de plus excentrique que de faire des ronds de fumée, ni de plus intéressant qu'un bon repas.
The Lord of the Rings (1954-55, Le Seigneur des anneaux), paraît en trois volumes (La Communauté de l'anneau, Les Deux Tours, Le Retour du roi) et connaît un succès qui ira grandissant, surtout lors de sa publication aux États-Unis, en 1966, où il est particulièrement apprécié sur les campus universitaires. Pour être la suite de Bilbo le Hobbit, ce roman n'en est pas moins très différent. Inspiré du Kalevala, chant mythique finnois que Tolkien avait lu dans sa version originale, il n'est plus écrit pour des enfants, mais pour des adultes. Les héros ne partent plus à la chasse au trésor, ils vont sauver le monde du mal – on peut reconnaître ici l'aversion de Tolkien pour la guerre moderne et pour la pollution. Les elfes et les nains sont graves et sages, comme l'est Gandalf, le magicien gris, dont on découvre l'importance réelle dans la cosmogonie créée par Tolkien. Quant aux hobbits, ils apportent une touche d'humour dans cette épopée fantastique et poétique.
J. R. R. Tolkien est décédé à Bournemouth (Royaume-Uni) le 2 septembre 1973, deux ans après son épouse. Après sa mort, l'un de ses fils, Christopher, réunit ses manuscrits et entreprend de publier enfin The Silmarillion. Dans ce livre à nul autre pareil, Tolkien a véritablement conçu un monde, Arda, avec sa mythologie, ses dieux et déesses – les Valar –, ses créatures et sa genèse par la musique. Les légendes de la Terre du Milieu – contrée où les elfes, nains, humains et hobbits vivent la plupart de leurs aventures[...]
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Écrit par
- Lucie CHENU : docteur en génétique microbienne à l'université de Toulouse-III-Paul-Sabatier, rédactrice-auteur, anthologiste
. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
Autres références
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CYCLE ARTHURIEN DANS LA FANTASY
- Écrit par Anne BESSON
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Ce n'est qu'au tournant des années 1970 que la fantasy connaît une véritable expansion, largement liée à la reconnaissance des œuvres de J. R. R. Tolkien qui la réinventent d'abord pour les jeunes lecteurs avec Bilbo le Hobbit (1937), puis pour les adultes avec Le Seigneur des anneaux... -
FANTASY
- Écrit par Anne BESSON
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...Wind, 1871), qui écrit aussi pour les adultes (Lilith, 1895). Cette tradition se retrouve dans les œuvres majeures du genre en Angleterre, celles de J. R. R. Tolkien et de C. S. Lewis, qui furent collègues à Oxford et un temps proches amis : l'un catholique, l'autre protestant, tous deux voient dans... -
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